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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) Histoire des politiques économiques depuis 1945

Capitale

Washington

    Unité monétaire

    Dollar des États-Unis (USD)

      Population (estim.) 331 449 281 (2024)
        R.N.B. par habitant (USD) 76 370 $ (2022)

          Prolongements du libéralisme réformiste

          Un consensus liberal en demi-teinte (1945-1961)

          Aux États-Unis, on entend par « consensus liberal » un ensemble de relations apaisées entre entreprises et salariés permettant une relative paix sociale et traduisant l’accord des républicains et des démocrates sur la nécessité d’un État-providence.

          Le discours sur l’état de l’Union prononcé par Franklin D. Roosevelt le 6 janvier 1941 détaille la « seconde Déclaration des droits » (second Bill of Rights), en vertu de laquelle « la véritable liberté individuelle ne peut exister sans la sécurité économique » car « un homme nécessiteux n’est pas un homme libre ». Le 6 septembre 1945, dans un plan en vingt et un points présenté au Congrès afin de préparer la reconversion, Harry S. Truman, devenu président au décès de F. D. Roosevelt en avril, se place dans le sillage de son prédécesseur en citant explicitement ce « discours des quatre libertés » – que sont les libertés d'expression, de religion, de vivre à l'abri du besoin et de la peur. Il propose une augmentation du salaire minimum fédéral institué par le Fair Labor Standards Act de 1938, des conditions permettant d’obtenir le plein emploi, l’apaisement des conflits sociaux, l’amélioration des conditions de logement, la poursuite de la politique de grands travaux et l’extension de la Social Security, le dispositif de protection sociale créé en 1935, par lequel sont versées les retraites ainsi que les allocations destinées aux personnes handicapées.

          L’Employment Act de 1946 s’inscrit dans ce cadre : le texte établit la responsabilité de l’État fédéral d’« user de tous les moyens […] afin […] de créer et maintenir les conditions de nature à fournir un emploi utile aux citoyens à la recherche d’un travail et possédant les capacités et la volonté de travailler, et de promouvoir le niveau maximum d’emploi, de production et de pouvoir d’achat ». Il reflète ainsi la prégnance des politiques économiques keynésiennes, dont l’influence sur les économistes et les responsables politiques allait croissant. Il est à noter, toutefois, que le texte final n’envisage pas un engagement à assurer le plein emploi ni ne considère l’emploi comme un droit, à l’inverse du projet de loi, et que la préoccupation de la lutte contre l’inflation y est explicite. Ces dispositions peuvent s’expliquer par le fait qu’une partie de la Chambre des représentants souhaite tempérer l’engagement de l’État fédéral et ne concéder qu’un programme de travaux publics modéré. La loi crée également une instance de conseil auprès du président en matière de politique économique – le Council of Economic Advisers – ainsi qu’une commission dépendant de la Chambre des représentants et du Sénat chargée de formuler des recommandations de politique économique – le Joint Economic Committee.

          L’érosion des principes du New Deal provoquée par les républicains au Congrès s’illustre également par l’évolution des relations avec les syndicats. Au cours de l’année 1946, une importante vague de grèves déferle, notamment sur les secteurs maritime, ferroviaire, automobile, du charbon, de l’acier et des abattoirs, mobilisant 4,5 millions de salariés. Le taux de syndicalisation est alors de près de 25 %, proche du pic historique observé en 1953 (29,6 %, tous secteurs d’activité confondus). Les syndicats considèrent que la reconversion de l’économie de guerre vers une économie de paix a favorisé les entreprises au détriment des salariés grâce à une législation fiscale et une renégociation des contrats avantageuses pour elles. Ils demandent une compensation pour la hausse du chômage et l’inflation croissante, à travers la revalorisation des salaires. Le contrôle des prix en vigueur pendant la guerre prenant fin en 1946, l’inflation connaît en effet une nouvelle accélération[...]

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          Pittsburgh (États-Unis) - crédits : Bettman/ Getty-Images

          Pittsburgh (États-Unis)

          Richard Nixon et la fin des accords de Bretton Woods, 1971 - crédits : Courtesy of the Richard Nixon Library

          Richard Nixon et la fin des accords de Bretton Woods, 1971

          Siège social d’Apple, Cupertino (Californie) - crédits : Michael Vi/ Shutterstock.com

          Siège social d’Apple, Cupertino (Californie)