ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) Histoire des politiques économiques depuis 1945
Capitale | Washington |
Unité monétaire | Dollar des États-Unis (USD) |
Population (estim.) |
331 449 281 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
76 370 $ (2022) |
Déclin, crise et renouveau
L’érosion de l’expansion d’après-guerre et la « grande inflation » (1969-1982)
L’inflation augmente puis reflue en 1970, avant de connaître une forte hausse en 1973, année du choc pétrolier, jusqu’à atteindre deux chiffres en 1974, avec un taux de 11 %, et de baisser à nouveau jusqu’en 1977. On retrouve ensuite le même schéma, avec un pic à plus de 14 % en 1980, à la suite du deuxième choc pétrolier (1979), puis une nouvelle baisse, suivie d’une stabilisation à partir de 1983. Les chocs pétroliers n’expliquent pas à eux seuls cette évolution : la guerre du Vietnam et les dépenses militaires, le creusement du déficit de la balance commerciale, la perte de compétitivité des États-Unis – qui importent notamment des produits de qualité élevée – et le déficit budgétaire y participent également. Au cours des années 1970, l’économie américaine s’enlise peu à peu dans la « stagflation », soit une situation paradoxale conjuguant ralentissement de la croissance, hausse de l’inflation et hausse du chômage, respectivement à 14,5 % et 7,5 % en 1980.
Sur le plan monétaire, les difficultés éprouvées par les États-Unis entraînent l’effondrement du système de Bretton Woods, en vertu de l’accord de la Smithsonian Institution en 1971 : le déficit non jugulé de la balance des paiements signifiait que les États-Unis étaient débiteurs à l’égard du reste du monde, ce qui induisait une accumulation de dollars afin de les financer. En plus de l’inflation croissante, une telle accumulation était susceptible de compromettre la crédibilité du dollar et d’entraîner une vente massive de cette monnaie dans le but de la convertir en or, à un moment où les États-Unis ne disposaient plus d’un stock d’or suffisant pour couvrir le volume de dollars en circulation au taux officiel de 35 dollars l’once. En conséquence, Richard Nixon, élu président en 1968, annonce la suspension de la convertibilité du dollar en or en août 1971. À la suite de la disparition de l’un de ses éléments clés, le système de Bretton Woods s’effrite, avant de prendre fin en 1973.
Face à cette nouvelle donne, le président Nixon adopte d’abord une approche gradualiste de lutte contre l’inflation, via les politiques budgétaire et fiscale, mais celle-ci se révèle insuffisante. Il entreprend ensuite une « nouvelle politique économique » de blocage des prix et des salaires, puis lui substitue une stratégie de dévaluation compétitive, elle aussi inefficace contre l’inflation.
Nixon est considéré par certains comme étant le « dernier des« nouveaux libéraux » : bien qu’il ne se revendique nullement de cette tendance politique et qu’il n’ait pas cherché à en préserver l’héritage, son pragmatisme le conduit en pratique à en appliquer les principes. En atteste une série de mesures de protection sociale telles que l’Occupational Safety and Health Act en 1970, renforçant les mesures d’hygiène et de sécurité sur le lieu de travail, et la mise en place du Supplemental Security Income en 1972, source de revenus mensuelle permettant aux personnes âgées, non voyantes ou handicapées de subvenir aux besoins de première nécessité.
Dans les années 1973-1975, les États-Unis sont à nouveau le théâtre de la récession : les politiques « de revenus », qui consistent à bloquer la croissance des salaires, sont un échec. Le vice-président Gerald Ford, qui succède à Nixon, démissionnaire en 1974, n’obtient pas davantage de succès.
La stratégie de crise de l’administration Carter, aux commandes à partir de 1977, se décline selon plusieurs axes : une politique énergétique nationale, le parachèvement de la réforme de la Réserve fédérale, le début de la déréglementation du secteur financier. Ces mesures sont complétées par l’adoption d’une politique monétaire restrictive par la Réserve fédérale.[...]
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Écrit par
- Ruxandra PAVELCHIEVICI : maître de conférences, université Côte d'Azur, Nice
Classification
Médias