- 1. Découvertes et explorations
- 2. La période coloniale
- 3. Guerre d'Indépendance ou révolution américaine ?
- 4. L'occupation du continent et son peuplement
- 5. Les débuts de la vie politique
- 6. L'ère jacksonienne
- 7. Lincoln et la Sécession
- 8. Développement économique et expansion continentale
- 9. Le grand tournant
- 10. Les États-Unis, puissance mondiale
- 11. Les difficultés de l'apogée
- 12. Les contradictions d'une superpuissance
- 13. L'après-11 septembre 2001
- 14. Chronologie contemporaine
- 15. Bibliographie
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) Histoire
Nom officiel | États-Unis d'Amérique (US) |
Chef de l'État et du gouvernement | Joe Biden (depuis le 20 janvier 2021) ; Donald Trump, élu en novembre 2024, prendra sa succession en janvier 2025 |
Capitale | Washington |
Langue officielle | Aucune |
Le grand tournant
Réactions et mécontentement
L'ampleur même du développement économique pose des problèmes sociaux spécifiques, plus graves dans le milieu rural que chez les ouvriers.
Les fermiers sont, en effet, obligés de s'adapter à une économie de marché instable, contrairement à leurs collègues européens, proches des marchés de consommation.
À la fin du xixe siècle, les fermiers sont victimes de la chute des prix et de l'exploitation par les monopoles. Tous les prix agricoles baissent d'environ 50 % entre 1870 et 1896, à la suite de la dépression générale et sous le choc de la concurrence de l'Argentine, de la Sibérie. Les fermiers voient donc leurs revenus diminuer quand le seul moyen de compenser leurs pertes est d'acheter des machines, qui se vendent toujours aussi cher, parce que leur production est monopolisée par un petit nombre de grandes firmes. De plus, ils doivent accepter les conditions souvent draconiennes des transporteurs (compagnies de chemins de fer et de navigation) et des divers intermédiaires. De là un sentiment de frustration qui se traduit par des mouvements de révolte : Grangers aux alentours de 1870, Greenbackers vers 1880, alliance des fermiers et populisme dans les années quatre-vingt-dix. Tous ces mouvements ont un trait commun : ils réclament l'inflation monétaire, qu'elle soit de papier ou de métal, seule capable aux yeux des victimes de les sauver de la ruine. L'Ouest rural est inflationniste, par opposition à l'Est, partisan d'une monnaie forte.
Les mouvements de protestation urbaine et ouvrière, en dépit de quelques crises aiguës (massacre de Haymarket, à Chicago, 1886 ; grève Pullman, 1893), n'ont jamais atteint la même ampleur. L'industrie américaine a souffert, pendant toute la fin du xixe siècle, d'un manque de main-d'œuvre qualifiée (ce qui écartait la menace du chômage) et a produit presque exclusivement pour un marché intérieur bien protégé, donc peu sensible aux fluctuations internationales. De là une stabilité du marché, qui contraste à la fois avec l'agriculture américaine et l'industrie de pays exportateurs comme la Grande-Bretagne. L'apparition du syndicalisme est relativement tardive (Knights of Labor, 1869 ; American Federation of Labor, 1886) et les revendications se cantonnent sur un plan professionnel : diminution des heures de travail, protection des femmes et des enfants, amélioration des salaires. L'AFL entend d'ailleurs représenter les seuls ouvriers qualifiés, à l'exclusion des manœuvres, des immigrants et des femmes, victimes sans défense du sweating system.
La protestation la plus violente contre l'industrialisation vint, non des milieux syndicalistes, mais de romanciers et de journalistes qui dénoncèrent l'exploitation des travailleurs par les patrons et les abus de la révolution industrielle : Theodore Roosevelt les qualifia de muckrakers (remueurs de boue). Les robber barons, par analogie avec les seigneurs pillards du Moyen Âge, constituèrent leur cible favorite. Parmi ces « contestataires », certains penchaient vers le socialisme, comme Henry Demarest Lloyd ou Henri George, tandis que d'autres, tels Theodore Dreiser, Frank Norris et Upton Sinclair, décrivaient les excès dont se rendaient coupables les grandes compagnies de chemins de fer, les abattoirs, les conserveries. Tous appelaient un changement dans cette société où la loi du plus fort ne subissait aucune limitation.
Le mouvement réformiste
Un besoin de réforme se faisait sentir pour la première fois aux États-Unis. À vrai dire, certains États avaient déjà commencé à œuvrer en ce sens, en limitant la durée du travail, en prenant des mesures de protection pour les femmes et les enfants ; mais, au niveau fédéral, l'absence d'une forte personnalité et la pression du big business avaient paralysé[...]
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Écrit par
- Claude FOHLEN : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
- Annick FOUCRIER : historienne, professeure émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, histoire de l'Amérique du Nord, UMR SIRICE 8138
- Marie-France TOINET : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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