ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) La démocratie institutionnelle
Nom officiel | États-Unis d'Amérique (US) |
Forme de gouvernement | République fédérale avec deux chambres législatives (Sénat [100], Chambre des représentants [435 1])
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Chef de l'État et du gouvernement | Joe Biden (depuis le 20 janvier 2021) ; Donald Trump, élu en novembre 2024, prendra sa succession en janvier 2025 |
Grande puissance mondiale, avec une population de 300 millions d'habitants, les États-Unis continuent à être régis par la plus ancienne Constitution écrite actuellement en vigueur, élaborée en 1787-1788 pour un pays de 4 millions d'habitants. Fondé sur les principes du fédéralisme, de la limitation et de la séparation des pouvoirs, de la liberté des citoyens, le régime politique américain s'est étendu des treize États fondateurs, tous situés sur la côte est, jusqu'au Pacifique ; il a permis une croissance économique d'une ampleur sans précédent dans l'histoire ; il a survécu aux crises politiques et sociales du xixe siècle – notamment à la guerre de Sécession (1861-1865) – et a organisé l'accession des États-Unis aux responsabilités internationales, lors des deux guerres mondiales, et à la prépondérance mondiale à partir de 1990.
Miracle de solidité et d'adaptabilité ? L'évolution a souvent découlé d'affrontements entre groupes sociaux, mais aussi des rivalités entre institutions voulues par les rédacteurs de la Constitution, les « pères fondateurs » de la démocratie américaine ; et rien ne garantit que la victoire, souvent temporaire, du Congrès sur le président, dans le domaine de la politique étrangère, ou des juges sur les autorités élues, pour la solution de certains problèmes sociaux, améliore l'efficacité du système lui-même. Aussi l'inquiétude – surtout après des crises telles que celle des années 1960 à propos du problème noir, celle qui a été entraînée par la guerre du Vietnam, ou bien encore la crise provoquée par l'affaire du Watergate qui, pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, a acculé un président à la démission (Richard Nixon, en 1974) – n'est-elle pas sans justification. Depuis la fin des années 1960, la proportion des Américains qui font confiance aux institutions fédérales n'a pas cessé de décliner. Elle ne dépasse guère un tiers, et le procès en destitution qui s'est terminé le 12 février 1999 par l'acquittement du président Bill Clinton n'a pas renversé la tendance, même si la popularité de Clinton en est sortie intacte.
La comparaison avec la période de la guerre de Sécession et avec celle de la grande dépression des années 1930, dont le régime américain est sorti victorieux mais transformé, incline cependant à un optimisme raisonné : depuis 1945, la société politique américaine a infléchi certaines de ses institutions et de ses attitudes avec une efficacité surprenante. La capacité du système à régler les problèmes qui se posent à lui en a-t-elle été accrue suffisamment ? Les freins traditionnels, et certaines entraves nouvelles, ne s'opposent-ils pas de façon inquiétante au dynamisme qui était naguère le symbole de l'Amérique ? Radicalisation dans les années 1960 de la revendication des Noirs impatients d'accéder à la dignité promise, mais jamais obtenue ; opposition à la guerre menée au Vietnam en dehors de toute décision prise consciemment par la nation ; réaction du Congrès et du pouvoir judiciaire à la fois à l'interprétation des pouvoirs du président affirmée par Richard Nixon et ses collaborateurs ; volonté du président Ronald Reagan de présenter ses victoires électorales de 1980 et 1984 comme un mandat pour bouleverser les équilibres politiques et sociaux résultant de près de cinquante ans d'histoire, échec de Bill Clinton pour faire passer les grandes réformes qu'il avait proposées, notamment celle du système de santé ; enfin accroissement considérable des pouvoirs de l'exécutif justifiés par la guerre menée contre le terrorisme depuis les attentats du 11 septembre 2001 : à chaque fois que les institutions sont mises à rude épreuve, on s'aperçoit de la force de ce qui est en place, et qui[...]
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Écrit par
- Serge HURTIG : ancien directeur scientifique de la Fondation nationale des sciences politiques.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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