ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) Religion
Les États-Unis sont parfois présentés comme « une nation avec l'âme d'une Église » (Chesterton). C'est à voir ! Car ce n'est pas d'une Église qu'il faut parler, mais d'une multiplicité d'Églises, de dénominations, de réseaux et de sectes. Parmi ces dénominations, on peut estimer à une vingtaine celles qui dépassent nettement le million de membres.
Un kaléidoscope religieux
Les protestants restent, d'assez loin, les plus nombreux au sein du kaléidoscope religieux nord-américain : ils représentent environ 52 p. 100 de la population totale des États-Unis au seuil des années 2010.
Mais si le protestantisme reste majoritaire, la plus importante dénomination (en tant qu'organisation structurée) est aujourd'hui l'Église catholique. C'est la principale Église chrétienne américaine avec plus de 67 millions de membres (soit près d'un quart de la population totale). La seconde dénomination par ordre d'importance numérique est la Southern Baptist Convention (convention baptiste du Sud) avec plus de 16 millions de membres baptisés par immersion. Les baptistes constituent, d'une manière générale, la première sensibilité protestante du pays, répartis en des dizaines de dénominations (aux orientations parfois très contrastées). La SBC représente la plus puissante du point de vue démographique et financier, mais beaucoup d'autres lui disputent les préférences baptistes, en particulier parmi les Afro-Américains, principalement regroupés dans la National Baptist Convention of America, Inc (plus de 4 millions de membres) et la National Baptist Convention of the USA, Inc (près de 9 millions de membres).
Au côté des catholiques et des baptistes, des millions de méthodistes, de luthériens, presbytériens, pentecôtistes, épiscopaliens, congrégationalistes, mennonites, frères (brethren), adventistes, moraves, amishs et autres salutistes complètent le kaléidoscope religieux américain des années 2000. La plupart des acteurs religieux de la scène chrétienne sont protestants ou d'origine protestante. Et parmi les protestants, beaucoup sont évangéliques, au sens d'un protestantisme marqué par l'accent sur la conversion (la « nouvelle naissance »), l'engagement prosélyte et une lecture normative de la Bible. Denis Lacorne n'hésite pas à souligner que l'évangélisme est « devenu la forme la plus courante et la plus banale du protestantisme américain ». Parmi eux, il faut désormais compter avec l'essor, de plus en plus considérable, des Églises « sans étiquette », dont un nombre croissant de megachurches. Ces assemblées géantes, marquées par la multi-activité et une affluence hebdomadaire d'au moins 2 000 fidèles, étaient moins de vingt en 1970. Elles sont au nombre de 1 400 à dater de 2010 ! Elles se caractérisent par leur ouverture vis-à-vis des seekers, des unchurched people, c'est-à-dire des personnes en recherche, non affiliées à une Église, rebutées par les étiquettes confessionnelles. C'est pourquoi les megachurches les plus populaires, comme Saddleback (en Californie) ou Willow Creek (à Chicago) délaissent les affiliations institutionnelles et se concentrent sur un christianisme générique, kérygmatique, sans aspérités ecclésiologiques.
En marge du catholicisme et des protestantismes, l'orthodoxie, très minoritaire, affirme pourtant sa voix, au point de s'attirer des conversions d'anciens protestants en vue comme Franck Schaeffer, fils du théologien protestant fondamentaliste Francis Schaeffer (1912-1984). Le récent essor d'une immigration en provenance des anciens pays du bloc soviétique nourrit ce pôle estimé à près de 5 millions de fidèles, répartis principalement entre l'autorité de l'archidiocèse grec orthodoxe d'Amérique (qui dépend de Constantinople) et l’Orthodox Church in America (O.C.A.),[...]
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Écrit par
- Sébastien FATH : agrégé d'histoire, chercheur au CNRS, laboratoire Groupe sociétés, religions, laïcités
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