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ÉTHER

La notion d'éther est aussi vieille que la physique, mais sa signification a considérablement varié, suivant en cela l'évolution des théories et les progrès de l'expérience. Oscillant entre l'idée de feu, de lumière et celle de représentation subtile de la matière, elle est rarement associée, dans l'Antiquité, à celle de support d'action cinématique et, par conséquent, à celle de milieu.

En effet, jusqu'au xvie siècle, il est difficile de décider entre un éther, milieu subtil qui se propage et, au contraire, un éther, simple support immobile d'actions spécifiques qui lui restent largement étrangères. C'est à propos de la transmission de telles actions – actions lumineuses et, plus tard, gravitationnelles – que se posera à nouveau ce dilemme avec une acuité considérable. En tant que milieu indépendant de la propagation de vibrations longitudinales ou transversales, l'éther joue un rôle prépondérant dans les théories vibratoires du xviie et du xviiie siècle (Grimaldi, Pardies, Hooke, Huygens, Euler) ; cependant, il n'est pas totalement exclu des conceptions dites corpusculaires de la lumière (Newton). Il leur est éventuellement associé pour résoudre certaines difficultés soit conceptuelles, soit même pratiques (théorie des accès).

Au xixe siècle, l'optique devient une théorie du « champ électromagnétique ». L'éther se transforme en un milieu susceptible de constituer un réceptacle d'énergie et d'influer sur la propagation des phénomènes. Avec Faraday, l'éther se confond plus ou moins avec un champ actif. Néanmoins, les mécanismes d'éther proposés alors par Maxwell et par Thomson semblent présenter finalement des propriétés physiques contradictoires. On assiste ainsi, vers la fin du xixe siècle, à un divorce entre la notion d'éther, support inerte des phénomènes, référentiel idéal en repos absolu, et celle de champ, ensemble d'actions énergétiques spécifiques susceptibles de se propager de proche en proche, régi par un système d'équations aux dérivées partielles. L'éther devient alors un simple cadre, le référentiel idéal d'une cinématique universelle. Il perd cet attribut au début du xxe siècle. Aucun système de référence ne semble pouvoir s'identifier physiquement à un repère absolument immobile ; il ne peut donc bénéficier d'aucune des prérogatives attachées à l'espace absolu. La notion d'éther, liée finalement à des privilèges purement cinématiques, perd ainsi son unique raison d'être au profit de la notion de champ.

L'éther feu

Tout d'abord, l'idée d'éther ne semble pas inféodée à celle de milieu en tant que support passif d'actions ou d'interactions.

« Éther », la traduction du mot grec ἀιθ́ηρ (de ἄιθειν, brûler par le feu), laisse supposer que l'éther était considéré comme parent d'une substance unique, susceptible d'engendrer toutes les autres ou, tout au moins, qu'il s'agissait du plus subtil des quatre éléments.

Pythagore pensait que le monde était animé et intelligent, que l'âme de cette grosse machine était l'éther d'où sont tirées les âmes particulières. Toutefois, l'usage du mot « éther » dans l'œuvre de Platon laisse supposer que cette notion a déjà perdu quelques-uns de ses privilèges, conservant seulement du feu initial les caractères de finesse et de pureté. L'éther devient ainsi une sorte de matière subtile qui semble intermédiaire entre le feu, dont elle reste une dégénérescence, et la terre, dont elle constitue la partie la plus pure : « Ce qui vient hiérarchiquement après le feu, c'est l'éther. Il sert à l'âme pour façonner des vivants qui ont pour propriété de contenir en majeure partie la substance même de ce corps » (Platon, [...]

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Éther électromagnétique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Éther électromagnétique

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