Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ÉTHER

Un système de référence universel

Un milieu matériel de référence

En dépit de ses étranges propriétés, l'éther semblait conserver un rôle indispensable : support des ondes électromagnétiques, il constituait un milieu matériel de référence. Les expériences d'optique mettaient immédiatement à notre portée ce milieu absolument immobile.

En effet, l'éther baigne les corps opaques et pénètre les corps transparents dans lesquels se propage la lumière. Si les milieux réfringents sont en mouvement, il peut rester immobile à l'intérieur ou bien, au contraire, être totalement ou partiellement entraîné par leur mouvement. La mesure de la vitesse de la lumière dans les milieux réfringents, vitesse qui résulte de la composition de la vitesse de la lumière dans l'éther et de celle de l'éther éventuellement entraîné, peut renseigner sur ce déplacement local de l'éther par rapport à l'éther intersidéral absolument immobile.

Déjà, l'étude des phénomènes d'aberration (l'image d'une étoile fixe décrit, au cours de l'année, une petite ellipse dans le plan focal d'une lunette) avait permis à Fresnel de prédire que l'éther, pénétrant un milieu réfringent mobile, devait être partiellement entraîné par ce mouvement. Si n est l'indice de réfraction du milieu réfringent, le coefficient d'entraînement possède, selon Fresnel, la valeur :

où 0 < α < 1, de sorte que la vitesse de l'éther partiellement entraîné par un milieu de vitesse v est αv (où 0 < αv < v). En 1851, des mesures de la vitesse de la lumière dans un courant d'eau venaient confirmer la valeur de l'entraînement partiel de l'éther prévue par Fresnel.

Bien entendu, dans le vide qui avoisine les corps réfringents (n = 1), le coefficient α est nul. C'est dire que l'éther n'est pas entraîné par le mouvement des corps qu'il baigne sans les pénétrer.

Cette propriété d'entraînement partiel (dans les milieux réfringents) et d'immobilité (à l'extérieur de ces milieux) comporte une importante conséquence : dans son mouvement annuel, la Terre se meut dans l'éther sans l'entraîner dans son mouvement. Des expériences d'optique devraient donc manifester le mouvement de la Terre par rapport à l'éther, c'est-à-dire détecter un « vent d'éther » soufflant dans le plan de l'écliptique. La vitesse de la Terre autour du Soleil (v = 30 km(s-1) comparée à celle de la lumière s'exprime par le rapport :

Des termes, dits « du premier ordre en β », doivent pouvoir être mis en évidence au moyen d'expériences portant sur la propagation de la lumière dans les milieux réfringents. Par exemple, dans l'expérience de Martinus Hoek (1868-1869), la source et le récepteur sont liés au mouvement de la Terre mais la propagation de la lumière dans l'éther partiellement entraîné par le mouvement du milieu réfringent permet, en principe, de montrer le déplacement de la Terre à travers l'éther intersidéral non entraîné. Un résultat positif de l'expérience est normalement prévisible ; toutefois, puisqu'il s'agit du déplacement par rapport à un milieu universel immobile, on qualifie ce mouvement d'« absolu ». Tout se passe comme si l'éther constituait un milieu absolument au repos mis à la portée de notre expérience.

L'expérimentation en échec

Malheureusement, les résultats des très nombreuses expériences similaires effectuées au cours du xixe siècle furent tous négatifs. Autrement dit, les effets d'un vent d'éther ne se manifestaient par aucun effet du premier ordre. Bientôt, on devait montrer que l'expression de l'entraînement partiel de l'éther, prévue par Fresnel, constituait la condition nécessaire et suffisante pour expliquer[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Éther électromagnétique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Éther électromagnétique

Autres références

  • ARISTOTE (env. 385-322 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 23 786 mots
    • 2 médias
    ...Aristote superpose un cinquième élément, qui sera plus tard la « quintessence » des scolastiques et qu'il appelle pour sa part « premier corps » ou «  éther ». Alors que la génération circulaire des éléments, rendue possible par le fait qu'ils communiquent un à un par l'une de leurs qualités (le froid...
  • ÉLÉMENTS THÉORIES DES

    • Écrit par
    • 8 197 mots
    Les flots de l'éther ou « les eaux éternelles », selon l'enseignement des mystères, formaient les astres et les alimentaient par leurs forces perpétuelles. « L'étendue éthérée, disait un chant sacré orphique, et sa révélation lumineuse : la Mer, l'Océan, l'abîme du Tartare, tout ce qui est...
  • ESPACE-TEMPS

    • Écrit par , et
    • 5 952 mots
    • 5 médias
    ...développements de la théorie électromagnétique de la lumière, la nature semble offrir spontanément un référentiel absolu à la portée de l'expérience : l'éther interstellaire immobile. On peut et on doit, en principe, mettre en évidence un mouvement par rapport à ce milieu universel immobile : mouvement,...
  • FOUCAULT LÉON (1819-1868)

    • Écrit par
    • 990 mots
    • 1 média
    La théorie ondulatoire de la lumière repose sur la notion d’éther, incontournable à cette époque. De même que l’air est le support des ondes sonores, l’éther était supposé être celui des ondes lumineuses. C’est par ce biais que cette théorie pose aussi des problèmes de mécanique, notamment celui...
  • Afficher les 13 références