ÉTHIOPIE
Nom officiel | République démocratique fédérale d'Éthiopie (ET) |
Chef de l'État | Sahle-Work Zewde (depuis le 25 octobre 2018) |
Chef du gouvernement | Abiy Ahmed (depuis le 2 avril 2018) |
Capitale | Addis-Abeba |
Langue officielle | Aucune 1
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Unité monétaire | Birr éthiopien (ETB) |
Population (estim.) |
109 900 000 (2024) |
Superficie |
1 120 000 km²
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« Pays des visages incandescents », signifiant à la fois l'ardeur du tempérament et la brûlure de la peau par le soleil, l'Éthiopie est un toponyme grec ancien. Il est passé dans la Bible pour désigner les territoires au sud de l'Égypte puis il s'est appliqué aux hautes terres de la Corne de l'Afrique, depuis qu'un royaume, centré sur la cité d'Axoum, se l'est approprié après avoir adopté le christianisme au ive siècle. Depuis l'Antiquité, ce pays, longtemps resté à la périphérie du monde connu, a été réceptif aux grands courants de pensées et aux flux économiques qui ont lié les unes aux autres les sociétés humaines. Cette ouverture, souvent prudente, aux phases successives de la mondialisation s'est effectuée notamment à travers l'écriture et les religions dites du livre qui ont eu une place prépondérante dans la configuration des espaces sociaux et politiques. Les échanges et les rivalités entre les pouvoirs chrétiens et musulmans ont joué un rôle déterminant dans les dynamiques de peuplement et d'organisation des circuits commerciaux. À l'époque contemporaine, la construction d'un État moderne demeuré indépendant face aux conquêtes coloniales a impliqué la formulation de plusieurs cadres institutionnels et idéologiques : monarchie constitutionnelle (1930-1974), révolution marxiste (1974-1991), fédéralisme ethnique (depuis 1991). Chacun de ces régimes a insisté sur la priorité absolue et sacrée de l'unité nationale tout en devant faire face, souvent de manière martiale, au caractère irréductiblement diversifié et mixte de cet ensemble de sociétés.
Deux fois moins grande que le Soudan, l'Éthiopie (1 106 000 km2), est l'État le plus peuplé de la Corne de l'Afrique avec 82,8 millions d'habitants en 2009. Ses hautes montagnes, culminant à plus de 4 000 mètres, sont fertiles, arrosées et densément peuplées. Mais des épisodes de sécheresse, dont les basses terres sont plus chroniquement affectées, provoquent régulièrement des situations de crise alimentaire dont les effets sont souvent dévastateurs (grande famine de 1984, cause humanitaire majeure fortement médiatisée) en raison du manque d'infrastructures et de l'inadéquation des décisions politiques dirigistes aux situations locales.
Géographie
Jamais colonisée, l'Éthiopie occupe une place singulière en Afrique. Elle a conservé, intacte, sa culture écrite qui plonge ses racines dans le récit biblique. Or trente ans de crises, de disettes et de guerre menacent l'existence du vieil empire. La recomposition fédérale, engagée par une coalition issue des maquis depuis la chute du marxisme militaire, peut-elle éviter que l'Éthiopie n'éclate sous les coups du régionalisme et ne disparaisse à cause des famines ?
Hautes terres et basses terres
Plus que l'Afrique de l'Est et des Grands Lacs, l'Éthiopie, dont la superficie égale deux fois celle de la France (1 106 000 km2), est « le toit de l'Afrique » (G. Gerster, 1975). Tout au long du Tertiaire, quand s'ouvrirent les fossés tectoniques de la mer Rouge, du golfe d'Aden et de l'Afrique de l'Est, surgirent des trapps (coulées de basaltes) volcaniques, stratifiés sur des milliers de mètres. Les hautes terres éthio-érythréennes forment deux vastes horsts, séparées par le rift méridien est-africain. Un formidable escarpement, de 2 000 mètres de dénivelé, court d'Addigrat, au nord, à Addis-Abeba, au sud. Il délimite les hautes terres occidentales et, à l'est, le Triangle Afar, une dépression aride. Celle-ci s'enfonce, dans la région du Dallol, à -110 m au lac Assal, où l'érosion éolienne sculpte des formes étranges dans le sel et l'argile. L'Awash, venu des montagnes du Choa, se perd, plus au sud, dans un delta intérieur[...]
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Écrit par
- Jean CHAVAILLON : docteur ès sciences, directeur de recherche au C.N.R.S., ancien directeur du Laboratoire de recherche sur l'Afrique orientale
- Jean DORESSE : docteur ès lettres, maître de recherche honoraire au C.N.R.S., de l'Académie des sciences d'outre-mer
- Éloi FICQUET : maître de conférences en anthropologie et en histoire au Centre d'études africaines, École des hautes études en sciences sociales
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Jean LECLANT : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
- Jacqueline PIRENNE : maître de recherche au C.N.R.S.
- R. SCHNEIDER : expert à l'Institut éthiopien d'archéologie, Addis-Abeba
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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ÉTHIOPIE DE L'ANTIQUITÉ AU XVIe SIÈCLE - (repères chronologiques)
- Écrit par Bertrand HIRSCH
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ive siècle Conversion des rois d'Axoum au christianisme. Création de l'écriture éthiopienne, un syllabaire dérivé de l'alphabet sud-arabique.
ve-vie siècle Période possible de traduction en langue guèze de la Bible dans la version grecque de la Septante. Selon la tradition...
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ÉTHIOPIE, chronologie contemporaine
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ABOUNA
- Écrit par Hervé LEGRAND
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Mot arabe qui veut dire « notre père » abouna est devenu le titre ordinaire que donnent les chrétiens arabes à leurs simples prêtres. En Éthiopie, ce titre est réservé au patriarche de l'Église nationale. Depuis les origines (fin du ive s.) jusqu'à 1881, cette dernière n'eut qu'un...
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ADDIS-ABEBA
- Écrit par Alain GASCON
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La capitale fédérale de l'Éthiopie regroupe 3,059 millions d'habitants (2007) sur le piémont, planté d'eucalyptus, de la montagne d'Entotto. Dans les années 1880, Ménélik, roi du Choa, y avait bâti deux églises et un camp militaire pour surveiller ses conquêtes méridionales. Son épouse Taytu...
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ADOUA (BATAILLE D')
- Écrit par Marie-Laure DERAT
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AFAR
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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