ETHNOLOGIE Ethno-esthétique
Ethno-esthétique et histoire de l'art
L' histoire de l'art ne fournit pas seulement des données comparatives. On assiste à un véritable « passage à l'histoire ». L'un des plus éminents spécialistes de l'art africain, W. Fagg, propose qu'on lui applique les méthodes de l'histoire de l'art. Or le progrès réalisé par ces recherches est incontestable et, ici encore, c'est une voie moyenne qui est suivie. Une connaissance ethnologique imprécise opposait à l'historicité des « grandes » civilisations l'immutabilité des sociétés primitives sans histoire, figées dans et par leurs traditions. Cette opposition générale était appliquée à l'art. On lui substitue désormais des différences dans le rythme et les modalités du changement (Lévi-Strauss), différences qu'il s'agit de déterminer. De plus, les sociétés étudiées diffèrent entre elles, et leur approche historique rencontre des conditions diversement favorables.
On reconstitue ainsi progressivement l'histoire de l'art du royaume du Bénin, étalée sur quelques siècles. On commence à insérer cette séquence dans une séquence historique plus longue en la raccordant et à une séquence antérieure (l'art d'Ifé) et à un ensemble ethnique actuel, l'art des Yoruba (F. Willett). Mais ce succès reste exceptionnel. Dans une autre perspective historique, on multiplie les attributions individuelles. On opposait naguère à notre création artistique individualisée une production traditionnelle, impersonnelle et anonyme. Les progrès de la recherche font abandonner cette opposition. Les objets sont attribués non plus seulement à des groupes ou sous-groupes ethniques, mais à des villages, des ateliers, des maîtres qui, même morts, ne restent pas toujours anonymes. Ici encore, une voie moyenne est trouvée, car l'individualité de la production n'en prend pas pour autant l'autonomie et la valeur que nous lui accordons. Ici encore, il s'agit de démêler et de clarifier les rapports entre les traits qui rapprochent et ceux qui distinguent ces arts de ceux que l'histoire de l'art nous a rendus familiers.
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Écrit par
- Lucien STÉPHAN : agrégé de philosophie, maître assistant à l'université de Rennes (U.E.R. de philosophie).
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