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ETHNOLOGIE Ethnoarchéologie

Affirmation de l'ethnoarchéologie au XXIe siècle

L'ethnoarchéologie a produit et continue de produire une moisson considérable de données et d'hypothèses nouvelles pour les archéologues, comme en témoigne l'énorme bibliographie réunie et régulièrement réactualisée par le Canadien Nicholas David, de l'université de Calgary. Les questions théoriques et de méthode n'ont cessé d'augmenter : elles constituent 10 p. 100 environ des articles et ouvrages publiés entre le début des années 1980 et le milieu des années 2000. Durant cette période, plus de sept cent cinquante articles et livres ont été publiés sur l'ethnoarchéologie, auxquels ont participé (outre les archéologues du monde occidental) des chercheurs africains, australiens, chinois, indiens, japonais, sud-américains et turques.

Les sujets se sont, par ailleurs, diversifiés, même si la poterie, l'architecture et l'organisation de l'espace occupent toujours une place prépondérante. La consommation est devenue un chantier d'investigation et l'archéo-anthropologie légale ou forensique (qui relève du domaine de la justice) une véritable spécialisation. La question du « genre » séparant les concepts culturels de masculin et féminin, qui avait fait une entrée remarquée au milieu des années 1980 avec l'ouvrage de l'archéologue et anthropologue britannique Henrietta L. Moore, Space, Text and Gender : an Anthropological Study of a Marakwet of Kenya, est aujourd'hui systématiquement présente dans les congrès annuels de la Society for American Archaeology et apparaît régulièrement dans les rencontres de l'European Association of Archaeologists. Cependant, l'ethnologie et l'anthropologie sociale nous ont montré que les expressions culturelles et l'affichage identitaire, qu'un groupe exprimait consciemment ou inconsciemment à travers sa culture matérielle étaient liés à de nombreux critères que la seule observation ethnographique ne pouvait délimiter : il semble bien qu'aucun modèle sociologique ne sera jamais produit par l'ethnoarchéologie.

De fait, les bons ethnoarchéologues sont devenus des ethnologues à part entière. Cette reconversion est particulièrement bien illustrée par l'ouvrage d'Anne-Marie et Pierre Pétrequin : Objets de pouvoir en Nouvelle-Guinée : approche ethnoarchéologique d'un système de signes sociaux (2006). Ces deux chercheurs montrent que les objets quotidiens sont manipulés et détournés de leurs fonctions premières pour s'inscrire dans un système de signes sociaux, d'échanges, de dons et de compensations : la hache de pierre, par exemple, devient un marqueur public des inégalités sociales, un substitut de la vie humaine, un élément dédié à des puissances surnaturelles. Trois rencontres internationales marquent la fin du xxe siècle et le début du xxie siècle : la première, au Caire (Moving Matters : Ethnoarchaeological in the Near East, publiée en 2000), la deuxième, à Bournemouth en Angleterre (Ethno-archaeology and its Transfers, publiée en 2001), et la troisième, à New Delhi (Past and Present : Ethnoarchaeology in India, publiée en 2006). Un quatrième ouvrage collectif, Archaeology of Contemporary Past (2001), tente de réorienter les questionnements en proposant de séparer l'ethnoarchéologie (comme outil d'interprétation du passé) de l'archéologie de la culture matérielle de la société vivante à laquelle appartiennent les archéologues. Ces rencontres et publications montrent que l'ethnoarchéologie, loin de se réduire à une récolte de données, a évolué vers une ouverture sur la totalité et la diversité anthropologique du xxie siècle.

En premier lieu, la fréquentation de l'ethnologie – à travers l'ethnoarchéologie – offre aux archéologues un moyen efficace de prendre conscience d'un[...]

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