ETHNOLOGIE Ethnographie
Définitions ethnologiques modernes
L'ethnologie, de nos jours, accepte formellement la prise de position d'Ampère. À sa suite, il serait difficile de trouver une définition plus approfondie que celle de Shirokogoroff (1935), qui voit dans l'ethnographie une aide technique pour l'ethnologie. « La technique de l'ethnographie est bien avancée : l'ethnographe utilise sa connaissance technique, analyse linguistique, analyse psychologique, étude statistique si nécessaire, méthodes historiques, etc. ; il n'a plus de préjugés en ce qui concerne le choix de ses faits et groupes ethniques, il est devenu objectif, il n'approuve pas ou ne désapprouve pas, il observe tous les complexes culturels, y compris l'ethnographie elle-même. Mais ce dont l'ethnographie a besoin est la théorie » et celle-ci, dit Shirokogoroff, lui est fournie par l'ethnologie. Pour Albert M. Bros (1936), « le mot ethnographie est surtout réservé à la description des groupements. L'ethnologie désigne plutôt la systématisation des groupements. » Bronislaw Malinowski (1941) estime que les travaux d'ethnologie et d'ethnographie doivent s'appuyer sur la théorie de la culture de deux façons différentes : « L'ethnologue, qui s'inspire des cultures contemporaines, primitives ou non, pour reconstituer l'histoire humaine selon l'évolution ou selon diffusion, ne peut fonder sa démarche sur des données scientifiques valides qu'à la condition de savoir ce qu'est réellement la culture. Enfin, l'ethnographe en campagne doit, pour observer, savoir ce qui est pertinent et fondamental, afin d'éliminer l'accessoire et le fortuit. » Wilhelm E. Mühlmann (1937), tout en admettant que l'ethnologie désigne l'ensemble de la discipline, précise que « l'expression ethnographie se borne à la seule collecte et à la description de la texture des faits ». Dans un article ultérieur (1956), Mühlmann résume l'historique des descriptions ethnographiques et, arrivé aux travaux modernes, il constate : « La situation s'étend aujourd'hui de telle façon que la croissante spécialisation régionale des ethnographes ne s'oppose plus à aucune théorie ethnologique correspondante, et que les nouvelles connaissances décisives sont communiquées aux congrès africanistes, américanistes, finno-ougristes, orientalistes, etc., mais pas plus qu'aux congrès ethnologiques. Les ethnographies régionales nécessitent une intégration au moyen d'une ethnologie théorique que j'aimerais concevoir comme une sociologie différentielle et comparative des formations ethniques. » Marcel Mauss (1947) distingue une ethnographie extensive d'une ethnographie intensive. La première consiste « à voir le plus de gens possible dans une aire et dans un temps déterminés », et la dernière « dans l'observation approfondie d'une tribu, observation aussi complète que possible, aussi poussée que possible, sans rien omettre ». La définition sommaire d'Alfred L. Kroeber (1948) se borne à noter que l'ethnographie est plus descriptive que l'ethnologie qui, elle, est plus théorique et plus historique. Celle d'un autre ethnologue américain E. Adamson Hoebel (1949) considère l'ethnographie comme « le fondement de l'ethnologie » et comme « relative à l'étude descriptive des sociétés humaines [...].
On attend des ethnologues modernes qu'ils gagnent leur éperon dans les travaux ethnographiques sur le terrain avant d'être pleinement qualifiés comme anthropologistes. Toutes les monographies ethnographiques possèdent un certain cadre théorique implicite dans leur constitution, mais elles ne s'occupent pas explicitement des problèmes théoriques. Julio Caro Baroja (1949) se révèle sceptique en ce qui concerne la définition[...]
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Écrit par
- Geza de ROHAN-CSERMAK : professeur à l'université Laval, Québec
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