ETHNOLOGIE Ethnographie
Délimitation de la sphère d'activité
L'ethnographie a deux acceptions. Tout d'abord, elle est considérée comme partie d'une science mère, l'ethnologie. Elle n'est donc pas une discipline indépendante, mais une branche, une sous-discipline de l'ethnologie, à laquelle elle fournit des informations : observations, descriptions, documents, et des objets. Sa sphère d'activité comporte les travaux sur le terrain, donc les enquêtes ethnologiques, mais aussi ceux des laboratoires. Sa tâche déborde du domaine strictement documentaire et inclut les études typologiques et morphologiques, tout en laissant les analyses plus approfondies, fonctionnelles et structurales, à l'ethnologie. Elle possède une technique de travail propre pour le préparation des enquêtes (questionnaires et guides), pour le comportement des chercheurs durant les enquêtes (psychologie des informateurs, plus imposés et improvisés suivant les conditions données), pour l'enregistrement (machines optiques, phonétiques et cybernétiques) et pour une classification élémentaire des matériaux (archivistiques, muséographiques et bibliographiques).
Dans sa deuxième acception, l'ethnographie ou plus exactement « une » ethnographie est la description achevée, publiée ou manuscrite, d'intérêt ethnologique, d'une unité ethnique ou locale quelconque. Elle figure avec cette signification dans des titres d'ouvrage tels que Ethnographie des Tupi-Guarani, Ethnographie des Carpates, etc.
Quant au domaine scientifique de l'ethnographie, il coïncide par son ampleur avec celui de l'ethnologie. Ces deux disciplines se partagent en effet ce domaine selon leurs tâches spécifiques. Celui-ci embrasse les cultures spirituelle, matérielle et sociale ; ne se limitant pas aux peuples « primitifs », il s'étend à la culture traditionnelle de toutes les unités ethniques extra-européennes, européennes ou d'origine européenne. Non par principe, mais dans le but d'un partage rationnel du travail, l'ethnographie (comme l'ethnologie) abandonne les recherches approfondies du langage et du comportement psycho-mental respectivement à la linguistique et la psychologie, sciences plus spécialisées et plus compétentes en raison de la formation de leurs chercheurs et de leur équipement particulier. D'autre part, l'ethnographie, aussi bien que l'ethnologie modernes excluent de leurs domaines de recherche toute investigation somatologique (raciale, biologique, anatomique) et elles la considèrent comme la tâche exclusive de l'anthropologie. Cela pour une raison de principe s'appuyant sur trois arguments : l'ethnologie n'est point une science naturelle, et la distinction entre culture et nature constitue l'un de ses déterminants fondamentaux ; contrairement à un mythe scientifique bientôt deux fois séculaire, il est évident aujourd'hui que la division raciale de l'humanité ne correspond nullement à sa division ethnique donc culturelle, et s'il y a un rapport entre elles, il est extrêmement vague ; le rattachement des variations culturelles à des variations raciales suppose ipso facto la dépendance mutuelle de ces variations, thèse erronée du racisme tendant à prouver que le niveau de développement économique ou moral d'un groupe ethnique est conditionné directement par ses caractéristiques raciales (l'idéologie officielle du national-socialisme faisait ses maîtres d'anthropologues tels que Joseph-Arthur de Gobineau, Francis Galton, H. S. Chamberlain et Otto Ammon, mais il aurait pu le faire, à juste titre, de tous les anthropologues introduisant des considérations anatomiques dans l'ethnologie et l'ethnographie).
Les dimensions temporelles du domaine ethnographique s'étendent vers le passé, donc leur ampleur est diachronique. Toujours dans le but d'une répartition[...]
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Écrit par
- Geza de ROHAN-CSERMAK : professeur à l'université Laval, Québec
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