- 1. L'organisation de la vie sociale
- 2. Groupements par âge et par sexe
- 3. Les liens de parenté
- 4. L'institution matrimoniale et ses règles
- 5. Statuts et stratification
- 6. Relations économiques
- 7. Relations politiques
- 8. Relations rituelles
- 9. La régulation sociale
- 10. Valeurs et vision du monde
- 11. Élargissement du champ de recherche
- 12. Bibliographie
ETHNOLOGIE Ethnologie générale
La régulation sociale
Éducation et sanctions
Chaque individu, dans une société, se comporte selon un ensemble de règles de conduite ; c'est ce qu'on appelle l'ordre social. On s'y conforme par volonté réfléchie ou par conditionnement psychologique sans choix conscient ; ou bien encore, on y est incité par des mobiles positifs ou négatifs. La régulation sociale est donc faite à la fois de l'éducation des membres et d'un système de récompenses et de punitions (sanctions), qui engendrent chez les individus un comportement conforme aux normes.
En dehors des sociétés civilisées et alphabétisées, il n'existe guère d'éducation organisée. Les enfants apprennent par imitation et participation aux activités, le tout assorti d'éloges et de réprimandes. Le cas échéant, les rites initiatiques donnent plus de poids aux principes moraux, par le truchement du symbolisme et d'une formation explicite. La solennité de l'événement peut être relevée par des ordalies, en particulier de douloureuses circoncisions ou scarifications.
Dans telle société primitive, ce sont des personnes déléguées par la communauté qui appliquent la sanction coutumière selon une procédure traditionnelle. Mais, plus souvent, il n'y a pas de règle en matière de sanction : réaction spontanée d'individus ou bien peine infligée par le groupe, telle la chanson satirique ou l'ostracisme systématique. Dans une communauté restreinte, de telles sanctions sont quelquefois très dures : le manquement aux us et coutumes entraîne, en plus des conséquences matérielles, perte de l'estime et du statut social. La sanction coutumière elle-même ne nécessite pas un jugement : elle relève du chef, d'une société secrète, d'un corps professionnel ou d'un haut personnage religieux, qui n'ont pas à produire de preuves explicites ou à faire état de la loi.
L'individu se gardera souvent de toute infraction parce qu'il en redoute les conséquences en dehors même de toute intervention humaine : l'acte est tabou. Cependant, l'expression symbolique d'une profonde désapprobation sociale peut avoir plus d'effet que la croyance en des suites désastreuses. Plus généralement, la punition divine intervient, affirme-t-on, après une faute morale ou rituelle (péché) ; la société peut aussi punir directement, surtout si son bien-être est considéré comme mis en danger. Certains péchés doivent être confessés, d'après les études de R. F. Fortune sur les Manus des îles de l'Amirauté, ou bien exigent un sacrifice de réconciliation, comme l'ont montré Evans-Pritchard et Middleton pour des groupes d'Afrique orientale. Les règles morales d'une communauté sont d'ordinaire étayées par sa cosmologie, ses mythes et ses dogmes religieux.
Intervention du droit
La régulation sociale est ainsi un élément du système social, une conséquence indirecte des relations familiales, économiques, politiques et religieuses. Seul le domaine juridique en représente l'institution propre. Thurnwald et Radcliffe-Brown ont proposé de restreindre l'emploi du mot « droit » aux sociétés qui disposent de tribunaux, sous quelque forme que ce soit, et d'une force organisée pour exécuter les décisions. Selon cette définition, bien des sociétés n'ont pas de « droit ». Malinowski, pour sa part, y voyait l'ensemble des coutumes contraignantes d'une société, tandis que Lowie, K. N. Llewellyn et E. A. Hoebel l'envisageaient comme la réaction d'une personne à la violation d'une norme avec approbation ou sanction de la communauté. Mais, a souligné Schapera, même si une définition aussi large était adoptée pour inclure tous les usages contraignants, il resterait à examiner à part les procédures judiciaires formelles.
Le droit primitif[...]
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Écrit par
- Raymond William FIRTH : professeur à l'université de Chicago
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