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ETHNOLOGIE Ethnologie religieuse

L'ethnologie comparée

L'analyse d'un système religieux oblige à chercher les raisons de son évolution non seulement dans les facteurs internes à l'ethnie, mais encore dans des facteurs étrangers : migration de peuples, conquêtes militaires avec imposition du culte des vainqueurs, emprunt de cérémonies à des voisins lorsque ces cérémonies se montrent plus aptes à réaliser les finalités de l'ethnie (faire tomber la pluie, empêcher la stérilité des femmes, etc.). Bref, l'ethnologue est toujours plus ou moins contraint, même lorsqu'il se contente de faire une monographie, d'être attentif à toutes les influences venues de l'environnement.

On peut envisager ici deux types de comparaisons : soit la mise en parallèle de religions différentes, soit, à partir d'un ensemble religieux complexe, l'abstraction d'un trait particulier que l'on retrouve dans plusieurs ethnies. Ainsi, le totémisme australien s'enchevêtre avec le culte du grand dieu tribal et avec le culte des ancêtres ; mais il est possible de séparer le totémisme proprement dit des autres informations religieuses qui s'y joignent afin de le comparer, lui et lui seul, avec ses manifestations dans d'autres sociétés, par exemple avec le totémisme des Indiens d'Amérique du Nord (É. Durkheim, G. Davy) ou avec celui des Africains (P. Deschamps). La première comparaison s'attache surtout au général, la seconde au différentiel.

Les typologies religieuses

La recherche des origines et d'une loi universelle d'évolution des religions, depuis le fétichisme, l'animisme ou la magie jusqu'au monothéisme, est définitivement condamnée. On ne se préoccupe guère non plus, sauf entre philosophes, de savoir si le rite est antérieur au mythe ou inversement, si le totémisme a été, à un moment donné, une religion universelle, dont il faudrait retrouver les traces dans toutes les ethnies, ou au contraire un phénomène bien localisé. Ce sont là, en effet, pures spéculations, qui n'ont rien de scientifique. Les faits y sont traités comme arguments de justification d'une théorie a priori, non comme base de recherche. Les seules typologies valables sont celles qui sont dictées par les faits, même si elles finissent, parfois, par les dépasser.

La typologie géographique met en jeu la notion d'aires culturelles. Les coutumes des peuples voisins tendent à se ressembler, de sorte que l'on peut séparer sur une carte des régions dans lesquelles on trouve des croyances ou des pratiques religieuses similaires. L'aire culturelle fournit donc au chercheur un cadre dans lequel il peut faire des comparaisons ; mais ce n'est qu'un cadre. On a à peu près abandonné la distinction des cultures religieuses de la plante (éthiopique) et de l'animal (hamitique) sur lesquelles viennent se greffer des cultures venues d'Asie, essentiellement mystiques ; de même pour la culture atlantique (Frobenius) et pour les reconstitutions historiques, comme celles du père Schmidt et de l'école de Vienne. On trouvera dans H. Baumann une typologie des religions africaines, par exemple, en corrélation avec les diverses aires culturelles de l'Afrique.

Les typologies économiques (genres de vie) interfèrent souvent avec les schémas géographiques. Elles ont été l'objet de maintes études anciennes, particulièrement de la part des ethnologues allemands, comme C. Meinhof, mais elles fournissent toujours des suggestions intéressantes aux chercheurs contemporains (C. Meillassoux).

On distingue ainsi les religions des peuples vivant de la cueillette et de la chasse ; les religions des peuples de la houe (agriculture primitive) ; les religions de pasteurs ; les religions des peuples urbanisés et industrialisés.

Les typologies sociologiques, enfin, ont longtemps fourni à l'ethnologie religieuse française[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université de Paris-I

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Chamanisme - crédits : Werner Forman Archive/ Bridgeman Images

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