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ETHNOLOGIE Ethnomusicologie

Méthodes et objets de l'ethnomusicologie : entre l'universel et le culturel

Si nous ne pouvons, aujourd'hui encore, donner une définition très sûre de l'ethnomusicologie, c'est qu'elle est difficile à cerner, du point de vue à la fois de ses méthodes et de son objet. Le fait même que sa dénomination actuelle n'ait que quarante ans environ montre bien sa relative instabilité.

Les deux pôles de l'ethnomusicologie

Du point de vue méthodologique, on peut dire que l'ethnomusicologie oscille entre deux pôles.

D'un côté, elle a une vocation comparatiste et universelle : elle se propose d'étudier l'ensemble des musiques du monde, car, comme le dit B. Nettl avec humour, « l'ethnomusicologue est un glouton ». Cette orientation manifeste, selon une distinction bien installée en anthropologie et en linguistique, un caractère étique, c'est-à-dire qu'elle est menée à partir du point de vue propre au chercheur et à sa culture.

De l'autre côté, l'ethnomusicologie, dans sa version plus ethnologique que musicologique, a tendance à privilégier la spécificité culturelle d'une civilisation musicale : on se méfie des vastes entreprises comparatives ou des grandes généralisations pour favoriser l'approche spécifique et monographique ; le point de vue doit y être émique, c'est-à-dire qu'il s'appuiera sur les concepts et le système de pensée propre aux autochtones. À la limite, l'analyse devrait être faite par l'autochtone lui-même. On peut, sans excès, pousser plus loin la série des parallélismes : du côté « étique », on n'hésite pas à formuler des jugements de valeur, et à considérer par exemple que la musique de Bali ou de Java est plus belle que la monotone musique des Indiens d'Amérique. Du côté « émique », on s'en méfie, et les seuls critères admissibles sont ceux qui sont propres à la culture concernée, car les nôtres ne sauraient prétendre à l'universel puisqu'ils sont, eux aussi, conditionnés par notre histoire culturelle.

On voit donc dans quel dilemme l'ethnomusicologie est enfermée. Dans sa version comparatiste, elle est à la recherche des universaux de la musique, question légitime d'un point de vue anthropologique, comme le rappelle le titre du livre de J. Blacking : How Musical is Man ? Dans sa version culturaliste, elle tend à s'intéresser spécifiquement à chaque culture et elle met entre parenthèses la personnalité du chercheur. Mais cette position aboutit sans doute à un paradoxe car, par définition, la discipline ethnomusicologique, comme institution, est un produit de la civilisation occidentale, et elle s'intéresse, à partir de catégories de pensée et d'outils méthodologiques engendrés par notre histoire scientifique, à ce que nous considérons comme fait musical.

Les grandes questions de l'ethnomusicologie

Il n'est pas étonnant que l'ethnomusicologie, au-delà de sa diversité d'écoles ou de tendances, soit perpétuellement confrontée ou ramenée aux mêmes questions, opportunément inventoriées dans l'ouvrage de Bruno Nettl, The Study of Ethnomusicology (1983). À la conception ethnocentrique de « la musique, langage universel », on oppose aujourd'hui la spécificité des cultures musicales. De plus, on fait observer que, si la plupart des sociétés ont différents termes pour les genres musicaux, elles sont loin de posséder toutes l'équivalent du mot « musique ». Et, même lorsqu'elles en disposent, ses frontières sémantiques ne correspondent pas nécessairement à la distinction que nous faisons entre musique et non-musique (parole, bruit), en admettant que, dans nos contrées, cette limite soit clairement établie. Ainsi, l'ethnomusicologie s'est-elle parfois interrogée sur les critères de distinction entre le parlé[...]

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