- 1. De la théorie de l'évolution à l'émergence de l'éthologie
- 2. De l'opposition de courants d'idées à l'élaboration des quatre questions fondatrices
- 3. L'opposition malheureuse des causes proximales et des causes ultimes
- 4. Faut-il renommer l'éthologie ?
- 5. L'éthologie d'aujourd'hui
- 6. Bibliographie
ÉTHOLOGIE
L 'éthologie est la science qui étudie l'évolution du comportement animal. Raymond Campan et Felicita Scapini (2002) ajoutent que l'éthologie est l'étude du comportement dans toutes ses manifestations et à tous les niveaux (de la cellule à l'organisme entier, dans les sociétés animales), des causes qui le déterminent et de ses fonctions. Vaste programme qui illustre à lui seul la diversité de cette discipline. En effet, du gène à l'organisme entier, un animal est un système qui implique plusieurs niveaux de fonctionnement et il forme avec son environnement physique, biologique et social un système plus large encore. Ainsi, dès le départ, l'éthologie s'est intéressée à la diversité des adaptations manifestées par les animaux et le travail de l'éthologiste consiste à rechercher des lois, des principes, des mécanismes qui puissent expliquer les comportements les plus simples comme les stratégies les plus élaborées observées chez les animaux.
De la théorie de l'évolution à l'émergence de l'éthologie
On ne peut envisager l'épistémologie de l'éthologie sans remonter aux tenants du transformisme et à Charles Darwin (1809-1882) puisque les notions d' évolution des espèces et de leurs comportements sont intimement liées (cf. encadré). Ses observations, notamment aux îles Galápagos, l'avaient convaincu de la variabilité des espèces. Il rapprocha cette variabilité de celle que l'on observe chez les animaux domestiques où l'homme crée des races nouvelles en choisissant comme géniteurs, pendant plusieurs générations successives, des individus possédant un caractère déterminé (sélection artificielle). Darwin élabora alors le concept de sélection naturelle : certains caractères morphologiques ou physiologiques confèrent aux individus les possédant un avantage dans la lutte pour l'existence et ces caractères se transmettent héréditairement à leurs descendants.
L' évolutionnisme a ainsi fourni un cadre à une approche biologique des comportements, sur des bases comparatives (J.-L. Renck et V. Servais, 2002). Quand on lit la fabuleuse synthèse des comportements de communication qu'est « L'Expression des émotions chez l'homme et les animaux » (Darwin, 1874), il est indéniable que la pensée du naturaliste anglais a été déterminante pour la genèse des sciences du comportement. Cependant, bien qu'expérimentée par Darwin lui-même, cette nouvelle approche du comportement allait d'abord être ignorée au profit d'approches psychologistes (J. Loeb, E. L. Thorndike...), et il faudra attendre le xxe siècle pour la voir ériger en discipline sous le nom d'éthologie (on parle alors d'éthologie objectiviste) grâce à Konrad Lorenz (1903-1989) et Nikolaas Tinbergen (1907-1988). Le premier, souvent décrit comme le plus théoricien des deux, s'est rendu célèbre par ses travaux sur les canards et les oies. Une des grandes contributions de Lorenz fut la mise en évidence du phénomène de l'empreinte (Prägung) : elle est définie comme le processus par lequel le comportement social d'un jeune animal se développe envers un objet ou un individu en particulier. Tinbergen, quant à lui, était un expérimentateur. Il a mis au point la méthode des leurres et a introduit le concept de stimulus-signal dans la littérature éthologique (cf. comportement animal). Ces deux fondateurs de l'éthologie se sont vu décerner le prix Nobel de physiologie ou médecine pour leurs travaux sur les causes et l'organisation des schémas comportementaux en 1973, prix partagé avec Karl von Frisch (1886-1982) le découvreur de la danse des abeilles.
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Écrit par
- Odile PETIT : chargée de recherche au C.N.R.S.
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