MAREY ÉTIENNE-JULES (1830-1904)
Médecin et physiologiste français qui a perfectionné la méthode graphique pour l'enregistrement de l'activité physiologique. Né à Beaune, Marey étudie à Dijon et vient à Paris en 1850 s'inscrire à la faculté de médecine. Interne à l'hôpital Cochin (1854), il se passionne pour la physique et travaille en 1857 sur l'élasticité artérielle et la propagation des ondes dans les liquides. Sa thèse, en 1859, est consacrée à la physiologie de la circulation du sang.
L'année suivante il entreprend, avec A. Chauveau, l'étude graphique de la fonction du cœur ; il invente en 1863 le sphygmographe (appareil enregistreur des battements du pouls), et publie la Physiologie médicale de la circulation du sang. En 1864, il abandonne la pratique médicale pour se consacrer à la physiologie ; il étudie l'action neuromotrice des poisons, l'élasticité de l'eau, l'électricité animale et aborde l'étude de la locomotion.
En 1867, il succède à Flourens au Collège de France et publie, deux ans plus tard, son cours, Le Mouvement dans les fonctions de la vie, que suivra La Machine animale (1872) traitant en particulier de la locomotion humaine et animale et de son enregistrement graphique. Les quatre volumes de La Méthode graphique dans les sciences expérimentales (1878) résument ses recherches et les applications de sa méthode comme procédé de recherche applicable en cardiologie, en mécanique humaine (utilisation des forces humaines et animales).
Si les travaux et les inventions de Marey dans le domaine physiologique sont aujourd'hui encore utilisés avec profit, on sait moins souvent quel a été son rôle de pionnier dans l'invention du cinématographe. Il s'agit pour lui d'une recherche technique qui prolonge ses études de physiologiste. Son travail sur la locomotion des animaux, et en particulier du cheval, est à l'origine des photographies instantanées que E. Muybridge effectua aux États-Unis (1872-1878) pour décomposer le mouvement. Intéressé depuis longtemps par la visualisation graphique des phénomènes physiques complexes que leur rapidité ne permet pas d'observer (La Méthode graphique, 1878), Marey adopte en 1882 la photographie et met au point son « fusil photographique » dont le barillet est remplacé par une plaque photographique circulaire. C'est l'ancêtre de la caméra. La même année, il met au point son chronophotographe à plaque fixe, à disque rotatif fenêtré. Les diverses images des phases du mouvement s'inscrivent côte à côte sur une plaque unique. Idée féconde, qui l'amène en 1888 à remplacer sa plaque d'abord par une bande de papier sensible animée d'un mouvement de translation à arrêts intermittents, puis par le film transparent (1890). Il réalise la projection de ses films dès 1893, mais il refusera toujours d'adopter la perforation latérale qui permit aux frères Lumière de breveter et de commercialiser en 1895 les procédés mis au point par Marey et par son aide Demeny.
Uniquement intéressé par la recherche scientifique, Marey n'a jamais songé à exploiter sa méthode pour des spectacles. Il a étudié par la chronophotographie les mouvements des oiseaux, des quadrupèdes, des poissons et de l'homme. Ses travaux d'analyse du mouvement trouvent un écho dans la peinture futuriste.
Parmi ses principales publications, on retiendra : Étude de la locomotion animale par la chronophotographie (1887) ; Le Vol des oiseaux (1890), Le Mouvement (1894). Il dirigea enfin la Station physiologique du Parc des Princes (1900), sur le terrain de laquelle devait être construit en 1902 l'institut Marey maintenant disparu au profit d'installations sportives permettant aux athlètes de constants progrès par la pratique de l'analyse minutieuse et systématique de leurs mouvements restitués par le film et la vidéo. Ainsi, la finalité[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
Classification
Médias
Autres références
-
CHAUVEAU AUGUSTE (1827-1917)
- Écrit par Jacqueline BROSSOLLET
- 331 mots
Vétérinaire lyonnais, Auguste Chauveau, en collaboration avec Marey, a étudié la circulation du sang et inventé divers appareils : un manomètre enregistreur à inscription horizontale, un sphygmographe, un hémodromographe. Il a étudié également la glycogenèse (il montre que le sucre est détruit dans...
-
CINÉMA (Aspects généraux) - Les techniques du cinéma
- Écrit par Michel BAPTISTE , Pierre BRARD , Jean COLLET , Michel FAVREAU et Tony GAUTHIER
- 17 534 mots
- 17 médias
...Mais leurs techniques font appel à un matériel encombrant (plaques photographiques et installation de plusieurs appareils, ou plaques rotatives). Dans les deux cas (Muybridge, 1878, et ÉtienneMarey, « fusil photographique », 1882), on ne peut enregistrer qu'un phénomène de très courte durée. -
CIRCULATOIRES (SYSTÈMES) - Appareil circulatoire humain
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Claude GILLOT , Jean PAUPE et Henri SCHMITT
- 17 004 mots
- 13 médias
...La fonction circulatoire n'a été vraiment mise en évidence que pendant la seconde moitié du xixe siècle par Auguste Chauveau et Étienne Jules Marey. Jusque-là, on en était resté aux travaux de Harvey qui, au xviie siècle, avait distingué avec précision petite et grande circulations et admis... -
FESSARD ALFRED (1900-1982)
- Écrit par Pierre BUSER , Encyclopædia Universalis , Yves GALIFRET et Yves LAPORTE
- 1 014 mots
- 1 média
Alfred Fessard est une des figures marquantes de la neurophysiologie française.
Né à Paris le 28 avril 1900, Alfred Fessard est remarqué très jeune par Jean-Maurice Lahy, directeur du laboratoire de psychologie appliquée de l’École pratique des hautes études. Fessard s'inscrit à la Sorbonne et prépare,...
- Afficher les 9 références