BOULLÉE ÉTIENNE LOUIS (1728-1799)
Projets utopistes d'architecture et de société
L'essentiel de son attention se concentre sur des travaux théoriques et des projets portés par l'idéal des Lumières et, bientôt, avec la Révolution, par l'utopie d'une nouvelle société : dessins, programmes de concours et rapports de commissions témoignent de ses idées réformistes en faveur de l'« architecture parlante » qui accompagne certains grands projets d'urbanisme et d'architecture publique du règne de Louis XVI et de la Révolution. Exclusivement parisiens – et, pour la plupart, jamais réalisés – ces projets concernent, entre autres, la reconstruction du palais Bourbon pour le prince de Condé (dès 1764), l'hôtel des Monnaies, l'Opéra, le château de Versailles et la Bibliothèque nationale (1785). Il propose aussi des dessins pour une Métropole (1781), un Cénotaphe à Newton (1784), un nouveau Muséum ou encore une Assemblée nationale (1792). Ces projets, aux formes géométriques et épurées, et qu'on peut presque qualifier de futuristes tant ils sont audacieux, sont la traduction sensible des préceptes révolutionnaires. Ils concrétisent une nouvelle esthétique, fondée sur l'interprétation critique des sources néo-classiques (la nature et l'antique). À partir d'une réflexion rationaliste et des tendances sentimentales de l'art, lancées par le père Laugier et les encyclopédistes, Boullée invente une sorte de « dramaturgie » de la création architecturale vouée à la formation civique des citoyens et, par voie de conséquence, à leur bonheur. « L'architecture est un art par lequel les besoins les plus importants de la vie sociale sont remplis. Tous les monuments sur la terre propres à l'établissement des hommes sont créés par les moyens dépendant de cet art bienfaiteur. Il maîtrise nos sens par toutes les impressions qu'il y communique. Par les monuments utiles, il nous offre l'image du bonheur ; par les monuments agréables, il nous présente les jouissances de la vie... », écrit-il.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Daniel RABREAU : professeur à l'université de Paris-I-Sorbonne, directeur du centre Ledoux
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média
Autres références
-
ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Notions essentielles
- Écrit par Antoine PICON
- 4 952 mots
« Qu'est-ce que l'architecture ? La définirai-je, avec Vitruve, l'art de bâtir ? Non. Il y a dans cette définition une erreur grossière. Vitruve prend l'effet pour la cause. Il faut concevoir pour effectuer. Nos premiers pères n'ont bâti leurs cabanes qu'après en avoir conçu l'image. C'est cette production... -
ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - L'architecte
- Écrit par Florent CHAMPY , Carol HEITZ , Roland MARTIN , Raymonde MOULIN et Daniel RABREAU
- 16 589 mots
- 10 médias
...devient aussi philosophe et poète. La liberté d'invention se manifeste dans un goût intense pour le pur dessin d'architecture ( Piranèse, Legeay, Peyre, Boullée), mais aussi dans les œuvres édifiées de Soufflot, de De Wailly, de Gondoin ou de Ledoux, et de toute une génération décrite par Émile Kaufmann... -
ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Architecture et société
- Écrit par Antoine PICON
- 5 782 mots
...une rénovation des principes de la discipline architecturale qui doit la rendre plus perméable aux attentes de la société. Les projets grandioses d'un Étienne Louis Boullée (1728-1799) portent la marque de réflexions assez comparables aux siennes sur le caractère moral et civique de l'architecture.... -
COLOSSAL, art et architecture
- Écrit par Martine VASSELIN
- 3 262 mots
- 17 médias
..., de J.-J. Lequeu (1793), reprend l'image héroïque d'un immense Hercule à la massue assis à cheval sur une porte triomphale, image du peuple libre. Dans son Architecture, essai sur l'art (rédigé avant 1793), E. L. Boullée redéfinit le colossal : « On confond souvent en architecture la vraie signification... - Afficher les 7 références