- 1. L'origine des Étrusques et les débuts de leur histoire
- 2. Les « lucumones » : fondation et organisation des cités (750 env.-600 env. av. J.-C.)
- 3. La cité archaïque (600 env.-480 env. av. J.-C.)
- 4. La crise du monde archaïque et l'Étrurie classique (470 env.-350 env.)
- 5. La fin de la cité classique : l'hellénisme et la romanisation (de 340 env. jusqu'à Auguste)
- 6. Bibliographie
ÉTRUSQUES
Les « lucumones » : fondation et organisation des cités (750 env.-600 env. av. J.-C.)
Les siècles d’or des aristocraties tyrrhéniennes
La colonisation villanovienne des territoires les plus fertiles et riches en métaux n'advint pas de façon pacifique. L'affirmation politique d'un nombre restreint d'individus fit progressivement éclater des structures initialement égalitaires et provoqua l'assujettissement de certaines communautés : d'où l'origine vraisemblable des « pénestes » étrusques qui travaillent la terre pour leurs maîtres. En tout cas, l'étude du mobilier funéraire, notamment à Tarquinia et à Véies (Quattro Fontanile), permet de retracer les étapes de la naissance d'une société caractérisée par une pluralité de principes, de reguli, appelés aussi selon les sources latines lucumones (= rois ; de l'étrusque reconstitué lauchme). L'autorité de ces lucumones s'exerce au moyen des liens gentilices de la fides. La gens n'est pas une famille classique mais un groupe en quelque sorte d'inféodés qui comprend une foule de « serviteurs » et de pauvres (pénestes, humiliores, etc.) dont la condition subordonnée ressemble à un demi-esclavage. Elle comprend aussi des hommes libres qui « prêtent service » sous le nom du princeps gentis.
Une telle institution sociale est entérinée dans le courant du viie siècle av. J.-C. par la formation du nomen gentilicium, sans équivalent dans le monde grec, mais qui apparaît également dans le monde latin. Elle présuppose en outre une nouvelle organisation de la propriété, fixée par des bornes, les fameuses « limites de la terre d'Étrurie », dont la prophétie de Végoia, connue par des textes latins tardifs, rappelle la création. Ainsi, la constitution des aristocraties villanoviennes présuppose vraisemblablement dès l'origine une dichotomie sociale plus radicale qu'à Rome et dans le Latium où l'institution parallèle de la clientèle est pourtant connue. Mais cette forte caractérisation du groupe dominant explique aussi la création précoce de grandes cités. Cette dernière advient par synœcisme de villages en une seule cité dans les cas les mieux connus, Tarquinia et Véies. Le processus admet les variantes que suggèrent la topographie et l'histoire particulière de chaque site. Le mouvement d'urbanisation, général, n'a cependant pas partout la même force. L'Étrurie septentrionale, les régions padane et campanienne accusent certains retards ou certains traits spécifiques dans la conception des cités. Souvent, en outre, ces zones présentent une occupation plus diffuse du territoire par de petites unités urbaines (oppida et castella) ou par des résidences gentilices isolées, comme, semble-t-il, dans le cas de Murlo (Sienne), de Castelnuovo Berardenga (Chianti) ou de Casale Marittimo (Cecina).
« Thalassocratie » et piraterie. Modèles orientaux et épopée grecque
La constitution de fortes aristocraties explique que les échanges, notamment avec les Grecs, se soient toujours accomplis sur un plan de parité politique, quelle que soit la supériorité technologique et culturelle de l'interlocuteur, et que l'Étrurie ne soit jamais devenue terre de colonisation étrangère. L'aristocratie, en possession des précieux métaux des collines métallifères et de l'île d'Elbe, est le protagoniste des échanges et contrôle les passages terrestres et maritimes. La thalassocratie et la piraterie étrusques, citées par les historiens grecs, existent dès l'origine.
Excluant toute hégémonie étrangère, la structure des premiers contacts commerciaux ne comprend pas moins des formes de dépendance culturelle. Mais elle a aussi pour conséquence une recherche active de modèles et de technologies externes qui sont les bienvenus dans la mesure où ils servent à augmenter le prestige[...]
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Écrit par
- Françoise-Hélène MASSA-PAIRAULT : ancienne élève de l'École normale supérieure, ancien membre de l'École française de CNRS
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