- 1. L'origine des Étrusques et les débuts de leur histoire
- 2. Les « lucumones » : fondation et organisation des cités (750 env.-600 env. av. J.-C.)
- 3. La cité archaïque (600 env.-480 env. av. J.-C.)
- 4. La crise du monde archaïque et l'Étrurie classique (470 env.-350 env.)
- 5. La fin de la cité classique : l'hellénisme et la romanisation (de 340 env. jusqu'à Auguste)
- 6. Bibliographie
ÉTRUSQUES
La fin de la cité classique : l'hellénisme et la romanisation (de 340 env. jusqu'à Auguste)
La défaite de Tarquinia et de la coalition étrusco-falisque, en 351, eut pour conclusion une trève de quarante ans avec Rome. De ces années de paix émergent quelques traits distinctifs. La politique des cités révèle l'existence de deux attitudes au sein de l'aristocratie. Certains de ses représentants espèrent des avantages (intégration civique, liens de mariage et de clientèle) des rapports à la fois personnels et institutionnalisés qu'ils entretiennent avec Rome. C'est le modèle généralement suivi à Cerveteri. Une autre partie de l'aristocratie reste sur une position défensive et continue à fonder sur l'indépendance et sur la concurrence avec Rome l'espoir de sa conservation et de son développement. À cette dernière position adhèrent les groupes sociaux, dont la promotion est de fraîche date, ainsi que les plèbes urbaines et les classes subalternes, qui espèrent jouir de promotions similaires à la faveur d'une ultérieure ouverture constitutionnelle des cités. Dans cette partie sociale ouverte émerge le rôle central du fanum Voltumnae et d’autres sanctuaires où s’affirme le rôle économique des classes subalternes.
L'étude des inscriptions permet aussi d'entrevoir ce phénomène. Il se traduit en effet par le renforcement des réseaux d'alliances matrimoniales sur tout le territoire de l'Étrurie méridionale. Ces réseaux impliquent des alliances entre les différents niveaux de l'aristocratie comme entre cette dernière et les couches sociales « moyennes » des oppida. Ils s'étendent en outre à l'Étrurie septentrionale, scellant de nouveaux rapports entre le Sud et le Nord.
Ces alliances accélèrent le processus de cooptation politique des homines novi. Le phénomène n'est pas sans rappeler parfois l'évolution de Rome dans la seconde moitié du ive siècle et le début du iiie siècle, c'est-à-dire l'abolition des privilèges réservés à la nobilitas d'origine patricienne. En même temps, à un niveau inférieur, l'enrichissement de certains pénestes, qui, s'étonnait Posidonius, possédaient même des maisons spacieuses, est vraisemblablement à situer à cette époque. C'est le début d'une certaine adéquation du statut du péneste à celui du libertus romain ; cette mutation sociale, nous échapperait presque entièrement si l'étude des inscriptions de l'Étrurie interne n'avait révélé un phénomène de libération (par acquisition d'un gentilice spécial, formé sur le prénom) des classes subalternes urbaines et agraires remontant au moins au iiie siècle. Témoin exceptionnel de ces mutations sociales, la tablette en bronze de Cortone (iiie siècle) enregistre un contrat de vente de terrains appartenant à la famille Petru (« nouveaux riches » sans nom prestigieux) contre une promesse matrimoniale de la part des acquéreurs (membres « blasonnés » de l’aristocratie traditionnelle).
Mais les tensions sociales imputables aux pénestes et aux plèbes urbaines suscitent aussi de violentes explosions. Celle d'Arezzo au milieu du ive siècle est réprimée par un Spurinna (comme l'enseignent les elogia précités) et l'insurrection de la fin du ive siècle mentionnée par Tite-Live est domptée directement par Rome, selon un schéma d'intervention qui paraît anticiper sur les événements de Volsinii en 264.
Mutations et conservation : produits artistiques, modèles et destinataires
La complexité de cette société, à la fois conservatrice et modérément ouverte, permet d'envisager également des nouveautés dans l'organisation des ateliers et la conception même du travail artisanal et artistique. Et d’abord dans la relation artisan-commanditaire qui n’est plus exclusivement aristocratique. La tombe,[...]
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Écrit par
- Françoise-Hélène MASSA-PAIRAULT : ancienne élève de l'École normale supérieure, ancien membre de l'École française de CNRS
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