EUCHARISTIE
Structure commune des rites eucharistiques
Originellement, l'eucharistie revêt le caractère d'un repas communautaire, mais ce repas comporte une indiscutable dimension cultuelle, qui a pu effacer la forme initiale. Dans les diverses familles liturgiques, la messe contient, après le rite d'entrée, une liturgie de la Parole, office de lectures avec des chants de méditation ou d'action de grâces. Cette proclamation actualisante de la Parole de Dieu et la prédication qui la prolonge ont pour effet de susciter la foi de l'assemblée, disposition indispensable pour que la liturgie ait un caractère chrétien authentique. Au cœur de cette liturgie de la Parole, une ou plusieurs prières adressées à Dieu (oraisons, prières d'intercession) manifestent bien la structure de l'assemblée : un peuple fraternellement uni ; des ministres (au moins un célébrant dûment ordonné) qui président ; un dialogue s'institue entre eux, car ils sont tous ensemble tournés « vers le Père par le Fils dans l'Esprit ». Viennent ensuite, en général, un geste – souligné dans certains cas par le symbolisme de la procession – et des prières d'« offertoire » : la simple préparation des « oblats » a été très gonflée au cours des temps ; elle se conclut par une deuxième oraison. La partie essentielle de la célébration est la grande prière eucharistique, dont les traits majeurs peuvent être esquissés ainsi : une « préface » d'action de grâces précède l'anaphore proprement dite ou canon ; elle a pu en être séparée en Occident par des accidents historiques, mais la continuité est telle, malgré le chant antique du Sanctus qui s'interpose, que l'anaphore débute parfois par la poursuite de l'hymne de louanges en reconnaissance des bienfaits de la création et du salut. L'anaphore se poursuit par une demande de sanctification des oblats ( épiclèse) par Dieu (la première épiclèse ne se rencontre pas partout ; elle mentionne souvent l'Esprit-Saint), pour qu'ils deviennent corps et sang du Christ. Suit le récit liturgique de l'institution de la Cène, et plus largement un rappel (anamnèse ou mémorial) de la mort et de la résurrection du Christ, auquel est intimement associée une prière d'offrande du sacrifice du Christ et de l'Église. L'anaphore s'achève par une demande de sanctification pour l'assemblée et l'Église entière (deuxième épiclèse), en attendant la consommation eschatologique, et par une doxologie. Le dernier cycle est celui de la communion à laquelle prépare le chant du Notre Père. Après le geste de communion – communion fraternelle dans et par la communion au Christ –, une oraison finale et une formule de « renvoi ». Dans cette structure, gestes, rites et symboles donnent accès à des valeurs multiples (soulignées dans notre texte) qui sont le contenu même de l'acte liturgique et ne peuvent donc en être séparées. Ce sont ces valeurs qu'une réflexion chrétienne sur l'eucharistie doit intégrer et unifier.
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Écrit par
- Jean-Pierre JOSSUA
: docteur en théologie, dominicain, directeur du centre de formation théologique du Saulchoir, directeur de la revue
La Vie spirituelle
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