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FRIED EUGEN (1900-1943)

Eugen Fried est né le 13 mars 1900 à Trnava (Tyrnau en allemand et Nagyszombat en hongrois), ville de l'ancien Empire austro-hongrois, actuellement en Slovaquie. Né dans une famille juive de petits commerçants, Eugen (Jenö) fait de brillantes études secondaires et obtient son baccalauréat en 1917. Mais il est happé par le mouvement révolutionnaire qui traverse dès 1918 l'Europe centrale à la suite de la révolution russe. De mars à juillet 1919, il participe à la République hongroise des Conseils du communiste Béla Kun. Réfugié en Tchécoslovaquie, Fried adhère au Parti communiste tchécoslovaque (P.C.T.) dès sa création en 1921. Affecté à Košice, capitale de la Slovaquie orientale, il y milite jusqu'en 1924. S'étant rendu illégalement en 1924 à Moscou pour assister au Ve congrès de l'Internationale communiste (ou Komintern), il est arrêté quelque temps après son retour et condamné à trente mois de prison. À peine libéré, en 1927, et trop repéré en Slovaquie, il est envoyé à Liberec (en allemand Reichenberg) en Bohême, à l'autre bout du pays.

Dès ce moment, Fried est un « révolutionnaire professionnel », fasciné par la révolution bolchevique et par l'homme qui est en train de prendre la succession de Lénine, Staline. C'est d'ailleurs Dimitri Manouilski, l'un des hommes de Staline au sein du Komintern, qui va remarquer Fried et lui confier des tâches de plus en plus importantes.

Dès juin 1928, Fried est chargé d'épurer le P.C.T. de ses dirigeants trop peu inféodés à Moscou. En décembre 1928, il est coopté au secrétariat du P.C.T. et chargé de l'organisation, poste clé pour « staliniser » le parti, c'est-à-dire y imposer une direction formée d'hommes dévoués à l'équipe de Staline. Pourtant, en décembre 1929, Fried est contraint de faire son « autocritique », procédure au cours de laquelle le militant reconnaît toutes ses fautes (réelles ou imaginaires) et qui constitue un critère fondamental de soumission à Staline.

À partir de ce moment, il est retiré du P.C.T. et affecté à l'appareil central du Komintern. Après quelques missions auprès des partis tchécoslovaque, ukrainien, hongrois et suisse, il est, en décembre 1930, nommé représentant permanent, et clandestin, du Komintern auprès du Parti communiste français (P.C.F.).

Sa première tâche consiste à staliniser le P.C.F. En août 1931, il organise « l'affaire du groupe Barbé-Celor » (du nom de deux des principaux dirigeants du moment) ; cette affaire, au cours de laquelle est dénoncé un groupe caractérisé comme « fractionnel » puis bientôt un « provocateur » de la police – deux allégations imaginaires –, permet à Fried de propulser à la direction les hommes qu'il a choisis et qui assureront la fidélité stalinienne du P.C.F. pendant plusieurs décennies : Maurice Thorez (secrétaire général), Jacques Duclos, Benoît Frachon, Raymond Guyot.

En 1932, Fried crée la section des cadres, chargée de ficher les militants et d'établir pour chaque responsable un dossier personnel comprenant, en particulier, un long questionnaire biographique et, souvent, une autobiographie manuscrite. Cette section se trouve sous le contrôle du service des cadres du Komintern et de services soviétiques.

Après avoir engagé la stalinisation organisationnelle du P.C.F., Fried est omniprésent dans la politique de celui-ci ; s'il participe parfois aux réunions du bureau politique, il est surtout le mentor de Thorez, qu'il conseille quasi quotidiennement et à qui il transmet les directives du Komintern. Au printemps de 1934, il soutient fermement Maurice Thorez dans le conflit politique et personnel qui oppose celui-ci à Jacques Doriot, qui sera finalement exclu du P.C.F. En octobre 1934, et contre l'avis du Komintern, il encourage Thorez à proposer un élargissement[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire au CNRS, docteur en histoire habilité à diriger des recherches

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