DABIT EUGÈNE (1898-1936)
Romancier français, né à Paris dans un milieu ouvrier. Très jeune, Eugène Dabit doit travailler ; il pratique divers métiers, apprenti ferronnier à quatorze ans, électricien, dessinateur industriel, avant de s'engager en 1916 : il restera au front jusqu'à la fin de la guerre. Il se croit d'abord une vocation de peintre, mais n'obtient guère de succès dans cet art. C'est seulement en 1926 qu'il s'oriente vers la littérature, après avoir découvert des auteurs tels que Jules Vallès ou Charles-Louis Philippe, qui ont vécu une expérience similaire à la sienne et qui ont su l'écrire avec sincérité. Son premier roman, Hôtel du Nord (1929), le rend immédiatement célèbre. Dabit y peint le peuple de Paris, celui qu'il a côtoyé dans cet hôtel que tenaient ses parents. La vie quotidienne au bord du canal Saint-Martin n'est d'ailleurs pas dénuée de beauté, et Dabit y trouve toujours une sorte de pureté, qui est d'abord celle de l'homme dans ses rapports familiaux ou amicaux. L'auteur reçoit le Prix populiste pour ce livre dont Marcel Carné s'inspirera en 1938 dans un film célèbre. La peinture de la pauvreté fournit à Dabit la matière de ses livres suivants, Petit-Louis (1930), Villa Oasis (1932), et l'on voit en lui l'un des romanciers les plus prometteurs de sa génération ; Gide et Martin du Gard ne cessent de l'encourager. Il meurt cependant en U.R.S.S., atteint de scarlatine, au cours d'un voyage qu'il effectuait en compagnie d'André Gide ; ce dernier lui dédiera d'ailleurs le livre qu'il publie peu après, Retour de l'U.R.S.S. Plusieurs livres posthumes de Dabit paraîtront encore, parmi lesquels il faut surtout retenir : Le Mal de vivre, un roman de psychologie amoureuse, et son Journal intime (1928-1936). Il dévoile dans ce dernier ouvrage un humanisme profond et un sens de l'esthétique qui se retrouve dans un autre ouvrage posthume, Les Maîtres de la peinture espagnole (1937). La solitude et la mélancolie demeurent toujours en arrière-plan des descriptions réalistes que l'emploi maîtrisé du langage parlé aussi bien que la simplicité et la justesse de l'expression rendent chaleureuses. Dabit appartient au groupe des écrivains populistes.
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Écrit par
- Antoine COMPAGNON : docteur ès lettres, professeur à l'université Columbia, États-Unis
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