VARLIN EUGÈNE (1839-1871)
Né dans une famille de paysans pauvres, Eugène Varlin entre en apprentissage chez un oncle relieur. Devenu ouvrier relieur, il découvre Proudhon, le lit ardemment, et participe, dès 1857, à la fondation des sociétés de secours mutuel. Très vite, il s'oppose au mutuellisme réformiste que Tolain croyait pouvoir tirer de Proudhon et préconise un collectivisme antitotalitaire. En 1864 et 1865, il anime la grève des relieurs et la mène à bonne fin. Il fonde alors la Société d'épargne et de crédit mutuel des relieurs, dont il est élu président. En 1865, il adhère à l'Internationale, collabore à la Tribune ouvrière et est délégué au Congrès de Londres (1865) et à celui de Genève (1866). En 1868, il fonde le restaurant coopératif La Marmite, dirige le second bureau parisien de l'Internationale et est condamné à trois mois de prison. En 1869, il crée la Caisse du sou, pour soutenir les ouvriers grévistes. Dans Le Travail du 16 septembre 1869 il préconise, s'inspirant de Proudhon, que « le salariat soit remplacé par la Fédération des travailleurs libres ». Mais il s'éloigne de plus en plus des vues proudhoniennes, s'il refuse tout État centralisateur et autoritaire, et semble suivre sur ce point Bakounine. Varlin affirme que la révolution politique n'est rien sans la révolution sociale mais qu'on ne peut rien « comme réforme sociale si le vieil État politique n'est pas anéanti ». En 1868, au IVe congrès de l'Internationale, il préconise, contre les mutuellistes représentés notamment par Tolain et contre les marxistes, « la libre disposition par les travailleurs eux-mêmes de leur instrument de travail ». Après avoir créé de nouvelles sociétés ouvrières en province, et les avoir fédérées sur le plan local, il parvient, dès 1869, à créer à Paris l'Union de toutes les organisations syndicales. En 1870, il constitue des sections de l'Internationale à Lyon, au Creusot et à Lille. Poursuivi en fin 1870, il fuit en Belgique. Varlin jouit alors d'une énorme popularité auprès des ouvriers. À la chute de l'Empire, il est nommé délégué au Comité central des vingt arrondissements, commandant du 193e bataillon de la garde nationale et devient membre du Comité central de la garde nationale. Révoqué de son commandement après l'insurrection du 31 octobre, il s'occupe de l'alimentation des nécessiteux durant l'hiver du siège et devient secrétaire du conseil de l'A.I.T. pour la France. Le 18 mars, il occupe l'état-major de la garde nationale. Le 26 mars, il est élu triomphalement au conseil de la Commune, et nommé à la commission des Finances. Le 21 avril, il passe à la commission des Subsistances, et le 2 mai est nommé directeur des approvisionnements militaires. Au milieu des intrigues multiples et de l'indiscipline ambiante, il prodigue ses dons d'organisation et de parfait sang-froid. C'est lui qui assure la liaison entre la Commune et les sociétés ouvrières. Opposé au Comité de salut public, il signe le manifeste de la Minorité. Pendant la Semaine sanglante, il se multiplie, essaie vainement de s'opposer au massacre des otages de la rue Haxo et se bat à Belleville. Reconnu par un prêtre le 28 mai, rue La Fayette, il est arrêté par le lieutenant Sicre, roué de coups et lynché. Défiguré et éborgné, on le fusille assis. L'héroïque Varlin, l'« honneur du prolétariat », reste l'une des plus pures figures de la Commune et du mouvement ouvrier français.
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Écrit par
- Jean BANCAL : docteur ès lettres, ès sciences économiques, docteur en droit, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne, directeur du Centre d'études et de recherches pour le développement intégré
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COMMUNE DE PARIS
- Écrit par Édith THOMAS
- 6 497 mots
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...a des personnalités de premier plan : le peintre Courbet, l'écrivain Jules Vallès, le savant Gustave Flourens ; d'admirables figures d'ouvriers, comme Varlin ou Benoît Malon ; de vieux républicains, comme Delescluze qui mourut en héros sur les barricades ; mais aussi des rhéteurs vaniteux et sans scrupules,...