VOULGARIS EUGÈNE (1716-1800)
Représentant majeur de la philosophie des Lumières dans la pensée grecque du xviiie siècle, Eugène Voulgaris, né a Corfou, alors possession vénitienne, étudia en Italie et en Allemagne, acquit une excellente connaissance du français, puis devint moine à Patmos. Il illustre de manière typique le monachisme « éclairé », l'ouverture à l'esprit critique et le libre exercice de la rationalité que favorise alors, dans l'Église orthodoxe, le patriarcat de Constantinople. En 1753, le patriarche Cyrille V crée au Mont-Athos une académie et désigne Eugène Voulgaris pour la diriger. Pendant cinq ans, celui-ci y enseigne les éléments de sa logique, où il tente d'allier l'Aufklärung et le christianisme. En 1758, les moines traditionalistes chassent Voulgaris, qui, toujours moine et diacre, prend la tête de l'Académie de Constantinople. Compromis dans le mouvement qui vise à l'émancipation de la Grèce avec l'aide de la Russie, il s'établit en 1765 en Allemagne, où il publie son Traité de logique (1768) et son Essai sur la tolérance (1768). Au moment de la guerre russo-turque, il est attiré en Russie par Catherine II. En Allemagne comme en Russie, il traduit et commente en grec les œuvres majeures de Voltaire : « Voltaire est toujours Voltaire, mélangeant le bien et le mal. » Catherine fait de lui un évêque, mais il reste avant tout un abbé de cour, brillant et disert. Avec la Révolution française, l'atmosphère change à Pétersbourg, et Voulgaris entreprend la critique des éléments antichrétiens de la pensée de Voltaire (Lettre de 1791). L'équilibre entre tradition et libre rationalité est désormais rompu dans l'hellénisme moderne.
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Écrit par
- Olivier CLÉMENT : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris
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