EUGÉNIE GRANDET, Honoré de Balzac Fiche de lecture
Eugénie Grandet est un roman d'Honoré de Balzac (1799-1850), publié en 1834 chez Madame Charles-Béchet. L'année précédente, le premier chapitre, « Physionomies bourgeoises », avait paru dans L'Europe littéraire sous le titre Eugénie Grandet, une histoire de province.
En 1833, Balzac n'a pas encore en têtel'idée précise de La Comédie humaine, dont il ne concevra le projet que huit ans plus tard,mais il a commencé à réfléchir à une organisation de ses romans. C'est ainsi qu'Eugénie Grandet prend place comme premier volume des « Scènes de la vie de province », qui forment, avec les « Scènes de la vie privée », les « Scènes de la vie parisienne » et les « Scènes de la vie de campagne », l'ensemble des Études de mœurs au XIXe siècle. En 1843, le roman constituera, avec Ursule Mirouetet Pierrette,le premier volume des « Scènes de la vie de province », tome V de La Comédie humaine.
Premier grand succès de Balzac, Eugénie Grandet est resté, avec Le Père Goriot (1835), l’un de ses romans les plus célèbres et les plus lus. Il a toujours occupé une place de choix dans l'institution scolaire et fait l'objet de plusieurs adaptations théâtrales et cinématographiques, dont la dernière, en 2021, par Marc Dugain, avec Joséphine Japy dans le rôle-titre et Olivier Gourmet.
La province au scalpel
Félix Grandet est un personnage important, respecté et craint, de la petite ville de Saumur. Ancien tonnelier doté d'un solide sens des affaires, il s'est enrichi grâce à son mariage avec la fille d'un marchand de bois fortuné. Puis, profitant des circonstances de la Révolution et de la vente des biens du clergé, il a acquis dans des conditions troubles « les plus beaux vignobles de l'arrondissement, une vieille abbaye et quelques métairies ». Devenu maire sous le Consulat, il en a profité pour faire aménager par la commune des accès à ses propriétés. Sa disgrâce politique sous l'Empire ne l'a pas empêché d'accroître sa fortune grâce à plusieurs héritages et d'habiles spéculations sur le vin.
Lorsque s'ouvre le récit, Grandet règne en despote sur sa femme, sa fille Eugénie et une vieille servante, Nanon, dans une maison « pâle, froide, silencieuse, située en haut de la ville ». Il leur impose, par avarice, une vie monacale. Ses millions suscitent la convoitise de deux familles, les Cruchot (notaires) et les Des Grassins (banquiers), qui lui font une cour assidue – dont il ne manque pas de tirer profit – dans l'espoir d'obtenir, les uns pour leur neveu les autres pour leur fils, la main de sa fille.
Le jour des vingt-trois ans d'Eugénie, en pleine soirée d'anniversaire réunissant les Grandet, les Cruchot et les Des Grassins, arrive inopinément de Paris Charles Grandet, neveu de Félix, « beau jeune homme de vingt-deux ans » envoyé à Saumur par son père. Les « manières aristocratiques » et l'élégance de dandy de Charles font forte impression sur les convives, et plus encore sur Eugénie. Pendant ce temps, Grandet prend connaissance d'une longue lettre dans laquelle son frère lui annonce que, couvert de dettes, il va mettre fin à ses jours et lui confie son fils. Le lendemain, plus ennuyé qu'attristé, Grandet annonce à son neveu le suicide de son père. Le jeune homme est effondré.
Grandet trouve vite pesante la présence de cette bouche inutile, qui trouve un réconfort auprès de Madame Grandet et d'Eugénie. Les deux jeunes gens ne tardent pas à tomber amoureux. Une nuit, Eugénie découvre, en lisant deux lettres que Charles vient d'écrire, qu'il a décidé de partir faire fortune aux Indes afin d'éponger les dettes de son père, et qu'il compte l'épouser à son retour. Émue, elle lui offre les pièces d'or que son père lui avait données depuis sa naissance. Les deux jeunes gens se jurent un amour éternel.[...]
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
Classification
Autres références
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BALZAC HONORÉ DE (1799-1850)
- Écrit par Maurice MÉNARD
- 15 001 mots
- 3 médias
...le roman balzacien au moule où l'exclusive lecture de deux ou trois œuvres l'a trop vite enfermé. Il y a un Balzac « standard », qu'a imposé la lecture d'Eugénie Grandet, à vrai dire mal lue. Or, même dans le cas d'Eugénie Grandet, le début de l'ouvrage n'est pas une description, encore moins... -
ROMAN, notion de
- Écrit par Elsa MARPEAU
- 1 940 mots
- 4 médias
...qu'« un roman, c'est un miroir que l'on promène le long du chemin » (Le Rouge et le Noir, 1830). Cette conception ouvre la voie aux romans de Balzac qui, d'Eugénie Grandet (1833) à Splendeurs et misères des courtisanes (1838-1847), cherche à peindre l'humanité dans son ensemble, de Paris à la province,...