MONTALE EUGENIO (1896-1981)
Florence : « Les Occasions »
La guerre
Montale s'installe à Florence, alors capitale intellectuelle, et y noue des amitiés littéraires qu'il retrouve au café des Giubbe rosse. Il collabore aux revues (Solaria) et, en 1929, devient directeur du cabinet scientifique et littéraire Vieusseux : le fascisme le révoquera en 1939 et Montale connaîtra alors une existence morale et matérielle précaire, s'adonnant pour vivre à des travaux de traduction. En 1939 paraissent, très remarquées par la critique, Le Occasioni (Les Occasions). Si, au début du recueil, la poésie, comme dans les Ossi, reste dans une certaine mesure poésie d'atmosphère, le lyrisme contenu de Montale, après une série de motets où la force d'allusion le dispute à la maîtrise verbale d'un art qui s'affirme, s'anime d'une chaleur secrète, exprimant son pessimisme avec une ampleur nouvelle. C'est le temps des présages ; le cataclysme approche, que le poète pressent inexorable, à travers des signes certains : le « fantoche abattu » (« Costa san Giorgio »), le jeune Anaclet qui « recharge les fusils » (« Élégie de Pic Farnèse »), la foule hurlante au jeu du « Palio » de Sienne, les porcs-épics qui seuls, au sein de « cette rixe chrétienne », « s'abreuvent à un fil de pitié » (« Nouvelles de l'Amiata »). Alors apparaît dans les « Nouvelles Stances », projetée sur ce fond menaçant auquel elle oppose « l'acier de son regard », la messagère énigmatique, l'« ange procellaire », plus tard appelée Iris ou Clytie dans La Tourmente, et entre elle et le poète le dialogue s'instaure, sombre, prophétique.
Ce dialogue se poursuit à travers le recueil Finisterre, publié à Lugano en pleine guerre (1943), qui formera la première partie de la future Tourmente. Rentré à Florence après une brève parenthèse militaire, Montale, privé de ressources et caché dans un sous-sol, y vit les jours tragiques de l'occupation et de la libération. Après celle-ci, inscrit à l'éphémère Parti d'action, il reprend ses activités de journaliste et de critique.
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Écrit par
- Patrice ANGELINI : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'italien, maître assistant à l'université de Nice
Classification
Média
Autres références
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ITALIE - Langue et littérature
- Écrit par Dominique FERNANDEZ , Angélique LEVI , Davide LUGLIO et Jean-Paul MANGANARO
- 28 412 mots
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...deviendra caractéristique de son écriture « baroque » où, par la torsion des formes classiques, il poursuit sa recherche du « chant de la langue italienne ». Eugenio Montale, Prix Nobel de littérature en 1975, a su s’approprier, à ses débuts, l’expérience symboliste et la poésie de D’Annunzio pour les dépasser... -
LA TOURMENTE, Eugenio Montale - Fiche de lecture
- Écrit par Bernard SIMEONE
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