BARBER EUNICE (1974- )

Née le 17 novembre 1974 à Freetown (Sierra Leone), Eunice Barber est remarquée pour ses qualités athlétiques par Dominique Dufour, attaché culturel à l'ambassade de France, qui l'initie à l'heptathlon alors qu'elle est âgée de quatorze ans et l'encourage à venir en France. Elle s'installe à Reims en 1992. Entraînée par Henry Elliott, elle se classe quatrième de l'heptathlon lors des Championnats du monde en 1995. À partir de 1996, elle s'entraîne avec Claude Monot puis François Pépin. Naturalisée française le 8 février 1999, elle bat, le 23 juillet, le record de France du saut en longueur (7,01 m). Les 21 et 22 août 1999 à Séville, Eunice Barber, qui réalise notamment 12,89 s sur 100 mètres haies, 1,93 m en hauteur et 6,86 m en longueur, devient championne du monde de l'heptathlon, avec un total de 6 861 points (record de France). Spontanée et souriante, Eunice Barber charme le public et offre à la France, qui a su lui fournir les conditions nécessaires à sa préparation, une médaille d'or mondiale.

Perturbée par des blessures, Eunice Barber aborde les jeux Olympiques de Sydney en petite condition et abandonne. En 2001, alors qu'elle s'entraîne désormais avec Bob Kersee, elle se présente en favorite de l'heptathlon lors des Championnats du monde d'Edmonton : trois essais mordus au lancer du poids, et ses espoirs s'envolent. En 2003, lors des Championnats du monde à Paris - Saint-Denis, elle obtient d'abord, le 24 août, la médaille d'argent de l'heptathlon (6 755 points), battue par la jeune Suédoise Carolina Klüft (7 001 points) ; le 30 août, grâce à un bond à 6,99 m à son dernier essai, elle remporte la médaille d'or du saut en longueur, faisant chavirer le Stade de France dans le bonheur.

En 2005, lors des Championnats du monde d'Helsinki, l'heptathlon est de nouveau l'occasion d'une lutte acharnée entre Carolina Klüft et Eunice Barber. Finalement, la Suédoise s’impose de peu (6 887 points, contre 6 824 points). Eunice Barber obtient également la médaille de bronze du saut en longueur (6,76 m), devancée par l'Américaine Tianna Madison (6,89 m) et la Russe Tatiana Kotova (6,79 m).

La suite de sa carrière est chaotique, notamment en raison de nombreuses blessures. En 2008, notamment, elle ne parvient pas à obtenir sa qualification pour les jeux Olympiques de Pékin où elle espérait disputer le saut en longueur.

Femme de caractère, Eunice Barber n'hésite jamais à afficher ses convictions. Ainsi, en mai 2008, elle fit entendre une voix qui se démarquait du fragile consensus du moment : elle se prononça contre le port par les sportifs qui participeront aux Jeux de Pékin d'un badge « Pour un monde meilleur », estimant, de manière quelque peu outrancière, que, « en matière d'humanitaire, la France n'a pas de leçons à donner à la Chine ».

— Pierre LAGRUE