EUPHORBIALES ou TRICOQUES
Aperçu systématique
On distingue, parmi les Euphorbiacées, deux sous-familles d'inégale importance : les Phyllantoïdées (deux ovules dans chaque loge ovarienne) et les Euphorbioïdées (un seul ovule par loge).
Les Phyllanthoïdées
Les Phyllanthoïdées, relativement peu nombreuses, sont toutes tropicales. Aucune ne produit de latex. Le genre Phyllanthus (plus de 700 espèces) représente numériquement la moitié de la sous-famille. Les Phyllanthus sont des arbres, des arbustes, des herbes, vivaces ou annuelles, dont certaines comptent parmi les mauvaises herbes les plus répandues des pays chauds ; P. fluitans, d'Amazonie, la seule Euphorbiacée strictement aquatique, présente une extraordinaire convergence morphologique avec les Fougères aquatiques du genre Salvinia. Chez les Phyllanthoïdées, la tendance à la pseudanthisation n'est manifeste que dans les fleurs mâles (diécie) des arbres du genre afro-malgache Uapaca.
Les Euphorbioïdées
Les Euphorbioïdées sont très majoritaires dans la famille ; on peut les subdiviser en deux grandes sections : chez les Crotonées, pourvues ou dépourvues de laticifères, les fleurs mâles, pluristaminées, ne sont pas associées à des fleurs femelles en un pseudanthe involucré ; chez les Euphorbiées, toutes pourvues de laticifères, les fleurs mâles, unistaminées, sont associées à des fleurs femelles en un pseudanthe involucré.
Les Crotonées
Presque toutes tropicales, les Crotonées sont nombreuses et diverses ; à cette section appartiennent les Euphorbiacées économiquement importantes. Le genre Ricinus comprend une seule espèce : R. communis, arbuste à feuilles palmatilobées originaire de l'Inde, aujourd'hui naturalisé dans toutes les régions chaudes. Les fleurs, apétales, groupées en grappes de cymes unisexuées, présentent un calice pentamère entourant soit des étamines à filet très ramifié (fleurs mâles), soit un pistil tricoque, lisse ou hérissé d'épines (fleurs femelles). L'albumen de la graine de ricin contient une huile riche en ricinoléine, glycéride de l'acide ricinoléique ; celui-ci confère à l'huile des propriétés purgatives, ainsi qu'un pouvoir lubrifiant utilisé en aviation ; il est surtout la matière première de la synthèse de fibres telles que le Rilsan.
Hevea brasiliensis, grand arbre de l'Amazonie, à feuilles trilobées et à fleurs groupées en panicules de cymes bisexuées, fait partie du genre Hevea (vingt espèces d'Amérique équatoriale). Un appareil laticifère existe dans tous les organes, particulièrement dans le liber secondaire des branches et du tronc. Le latex peut être extrait par des incisions obliques de la base des troncs. La supériorité d'H. brasiliensis sur toutes les autres plantes productrices de caoutchouc tient non seulement aux propriétés du latex, mais encore au fait que l'arbre « répond à la saignée » : celle-ci détermine, après quelques jours d'accoutumance, un écoulement plus abondant, plus fluide et très régulier.
L'hévéa est la plante qui a été domestiquée. À l'exploitation intensive des arbres de la forêt amazonienne (période des « seringueiros »), parallèle à la découverte de la vulcanisation (1839), succéda l'établissement de plantations. Des plantules provenant de graines du Brésil, germées à Kew, transférées à Ceylan, puis à Singapour, sont à l'origine des plantations du Sud-Est asiatique (cf. , élastomères). Dans la forêt amazonienne, les arbres, épars et isolés, se fécondent eux-mêmes ; rassemblés en plantations, ils se pollinisent réciproquement ; de ce passage de l'autogamie à l'allogamie résultent une variabilité accrue et des possibilités de sélection qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont accru les rendements de 400 p. 100.
Le genre Manihot comprend 160 espèces d'Amérique tropicale. [...]
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Écrit par
- Georges MANGENOT : professeur honoraire à l'université de Paris-XI
Classification
Médias
Autres références
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ÉPURGE
- Écrit par Pierre LIEUTAGHI
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LATEX
- Écrit par Philippe BOUCHET
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MANIOC
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