EUPHRATE
Fleuve de la Mésopotamie où il développe la majeure partie d'un cours long de 2 780 kilomètres, l'Euphrate tient son nom arabe al-Furāt (ou turc Firat) d'une déformation du sumérien Bu-Ra-Nu-Nu devenu en assyrien Purati. Le cours supérieur montagnard coule entièrement en Turquie ; il est formé par la jonction de deux bras principaux : le Karasu (450 km), considéré comme l'Euphrate véritable, et le Murat (720 km). Il pénètre en Syrie dans la Djézireh à Birecik. Il n'est alors qu'à 160 kilomètres de la Méditerranée, mais se tourne vers l'est : il traverse la Djézireh syrienne dans une vallée incisée dans le plateau (le Zor) et coupe par des gorges des obstacles basaltiques ; il reçoit de la Djézireh ses deux seuls affluents, sur la rive gauche : le Balikh puis le Khābūr. Après un trajet de 650 kilomètres en Syrie, l'Euphrate pénètre en Irak où se prolonge le Zor. À Hīt, il entre dans la plaine de basse Mésopotamie (‘Irāq al-‘Arabī) ; se rapprochant du Tigre au niveau de Bagdad, il se divise en deux branches, celle de Hilla, correspondant à l'ancien lit jusque vers 1870-1880, et celle de Hindiyya, la branche occidentale, plus récente. À partir de Samawa, l'Euphrate se déverse dans des marécages et dans le lac (Hor) Hamar ; son lit est hésitant. Il rejoint le Tigre à Al Qurna pour former le Chaṭṭ al-‘Arab. Comme le Tigre, l'Euphrate est un fleuve abondant (838 m3/s), irrégulier (53 p. 100 des eaux coulent en avril, mai et juin) mais moins brutal (rapport entre crue maximale et débit moyen : 6 à 1) ; aussi a-t-il joué un rôle fondamental dans l'histoire de la Mésopotamie, renforcé par son rôle de voie de communication entre le golfe Persique, l'Anatolie et la Syrie. Malgré son utilité dans l'Antiquité, l'Euphrate a été très mal utilisé depuis plus d'un millénaire : le Zor est resté, jusque vers 1930, une zone presque complètement abandonnée. Tout a changé à l'époque moderne : des barrages ont permis un développement considérable de l'irrigation, ceux de Ramadi et de Hindiyya en Irak, celui de Keban en Turquie, sur le Murat, et celui de Tabqa en Syrie, achevé en 1977. À la différence du Tigre, l'Euphrate ne traverse pas de très grandes villes. Dans les années 1970, le gouvernement turc lance un vaste projet de développement de l'Anatolie, le G.A.P. (Guneydogu Anadolu Projesi), prévoyant la construction de vingt-deux barrages et dix-neuf usines hydroélectriques au total sur les cours amont de l'Euphrate et du Tigre, afin de permettre l'irrigation de 1,7 million d'hectares. Ce projet, qui n'est pas sans susciter des tensions entre Ankara et les deux pays aval, devrait s'achever à l'horizon 2020.
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Écrit par
- Jean-Marc PROST-TOURNIER : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut de géographie du Proche et Moyen-Orient, Beyrouth
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