EURASIE, biogéographie
L'Eurasie, bloc formé par l'ensemble des continents asiatique et européen, représente le tiers de la partie émergée de l'écorce terrestre : plus de 54 millions de km2 d'un seul tenant. Elle est entièrement située dans l'hémisphère nord – sauf l'extrême sud de la Malaisie – et se répartit à peu près également de part et d'autre du 45e parallèle.
En tête de tous les continents par son étendue, l'Eurasie l'est encore par son altitude moyenne : l'énorme « toit du monde » que constituent l'Himalaya et ses dépendances (entre 4 000 et 8 000 m) est relayé plus à l'ouest par les chaînes du Zagros, du Taurus et du Caucase, puis par celles des Alpes. En raison de sa forme massive, et du fait de la barrière montagneuse qui la divise d'ouest en est, l'Eurasie présente d'importants contrastes climatiques.
À l'aridité du cœur du continent asiatique (affectant plus du tiers de sa superficie) s'opposent en effet les climats humides des marges occidentales (Europe) et méridionales (Indo-Malaisie).
On sait que l'Inde et le Sud-Est asiatique, soumis au régime des moussons, sont parmi les régions du monde où il pleut le plus, bien qu'elles se situent, en latitude, au niveau du tropique du Cancer. Il y règne d'autre part un climat chaud (plus de 10 degrés en moyenne pour janvier). Ainsi l'Asie tropicale constitue-t-elle un domaine distinct qui contraste aussi bien avec les régions qui bénéficient d'un climat tempéré océanique (Europe occidentale, territoires bordant la mer du Japon) qu'avec celles qui sont soumises à un climat continental rigoureux (Europe orientale, Asie centrale, Sibérie). Il convient de rappeler que ces dernières, qui couvrent les trois quarts de la superficie de l'Eurasie, détiennent le record des basses températures – le « pôle du froid » étant situé à Verkhoïansk en Sibérie. L'isotherme 0 0C de janvier délimite un immense territoire où la neige séjourne de deux à cinq mois par an.
Telles sont les conditions climatiques qui commandent la distribution géographique actuelle des êtres vivants en Eurasie. Toutefois, les vicissitudes paléogéographiques de ce continent expliquent le peuplement végétal et animal des grandes régions naturelles.
Données paléogéographiques
L'Eurasie résulte de la fusion de plusieurs unités paléogéographiques très anciennes (boucliers scandinave, sibérien, mongol, indochinois et indien) individualisées dès le Précambrien et séparées par une immense mer, la Téthys, dont la Méditerranée actuelle n'est qu'un vestige. De vastes mouvements orogéniques ont affecté cet ensemble érigeant des barrières naturelles dont les chaînes alpines, en place depuis la fin du Miocène, sont les plus considérables.
Par sa situation géographique, l'Eurasie se rattache au sud-ouest au bloc africain, au sud-est au continent australien, et enfin au nord-est au continent américain auquel elle fut longtemps reliée.
Cette dernière liaison a eu, du point de vue biogéographique, un rôle important : voie de passage d'abord empruntée pendant la deuxième moitié de l'ère secondaire par les grands Reptiles du continent asiatique (Sauropodes, Iguanodontes), elle a permis, au Tertiaire, de nouveaux échanges de faune (Amblypodes, Équidés et Proboscidiens). Plus récemment, il y a environ 25 000 ans, l'homme profita de la possibilité de passage offerte par l'isthme de Béring pour aller d'Eurasie en Amérique. La végétation s'est également homogénéisée dans tout l'hémisphère nord. Cette flore dite arcto-tertiaire était riche en Cycadales, Palmiers, Ébénales, Sapotacées, familles actuellement confinées dans les régions tropicales.
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Écrit par
- Pierre PFEFFER : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S.
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Médias