EURASIE, biogéographie
Les biomes de la région paléarctique
La frange littorale
Le littoral paléarctique s'étend de l'Europe du Nord à la Corée. Pauvres en faune littorale, car gelées pendant la plus grande partie de l'année, les eaux arctiques, de la Scandinavie au détroit de Béring, sont riches en microflore et en microfaune pélagique, et notamment en Crustacés (Euphausiacés) et Mollusques (Ptéropodes) formant d'immenses bancs de « krill » apprécié des baleines et de beaucoup de Poissons ; ceux-ci alimenteront à leur tour Oiseaux et Mammifères pêcheurs. Si les espèces sont dans l'ensemble peu nombreuses, toutes sont représentées par une multitude d'individus adoptant souvent un mode de vie grégaire : colonies de mouettes tridactyles, de goélands sénateurs, de sternes et de plongeons arctiques ; rassemblements de phoques à crête (Cystophora cristata) et de morses sur le littoral au moment de la reproduction. Seul l'ours blanc mène une existence familiale et parfois solitaire.
Dans les eaux européennes et extrême-orientales, l'augmentation de la température moyenne permet un plus grand développement de la vie littorale et pélagique. Maintes espèces sont amphiboréales, c'est-à-dire présentes de part et d'autre du continent eurasiatique : phoque commun ou veau marin (Phoca vitulina), dauphin (Phocaena phocaena), divers Oiseaux marins (goélands, mouettes, labbes), Poissons (harengs, morues, raies, requins) et Invertébrés (Vers, Mollusques, Crustacés). Cette distribution s'expliquerait par un mélange des faunes à la faveur des climats moins rigoureux qui régnèrent au début du Quaternaire. D'autres espèces ont échappé à ce brassage : certaines sont caractéristiques des mers occidentales (rorqual atlantique, phoque gris, phoque du Groenland et nombreux poissons tels que harengs ou morues) ; de nombreux oiseaux nichent sur les falaises et îlots (pétrels tempête et fulmar, mouettes rieuse et pygmée, puffin des Anglais...) ; d'autres sont endémiques de la côte orientale : baleine grise et dauphin à ventre blanc, otarie à crinière, otarie des Pribilov, loutre de mer ; recherchée pour sa fourrure, celle-ci aurait complètement disparu, si des mesures de protection n'avaient été prises ; il n'en fut pas de même pour la vache marine ou rhytine de Steller, sirénien géant proche des lamantins, exterminée peu d'années après sa découverte au xviiie siècle.
La toundra
Le littoral arctique borde la toundra, immensité plus ou moins plate où seuls des bouleaux et des saules nains s'élèvent à quelques décimètres au-dessus du sol marécageux ou caillouteux couvert de lichens, de sphaignes et de myrtilles. Les conditions de vie y sont particulièrement dures : sol gelé en permanence (permafrost) sur plusieurs mètres ou dizaines de mètres d'épaisseur, vents soufflant en tempête, hivers longs, froids et sombres, étés brefs, également froids et peu pluvieux. D'autres facteurs écologiques sont en revanche favorables : éclairement quasi permanent pendant les mois d'été et riche en ultraviolets, rareté des organismes microbiens pathogènes, présence de nombreuses plantes vivaces, de baies et de champignons qui se conservent sous la neige et assurent une nourriture fraîche aux animaux.
Ces derniers sont relativement abondants bien que le nombre d'espèces soit réduit. Beaucoup sont des endémiques : renard arctique (Alopex lagopus), renne, lemmings de plusieurs espèces, lièvre variable, chouette harfang, bruant lapon, bruant des neiges, buse pattue, lagopède des saules, nombreux oiseaux d'eau (oies, cygnes). La plupart de ces animaux effectuent d'ailleurs des déplacements saisonniers de la toundra à la zone forestière, et beaucoup sont communs aux deux habitats : loup, renard, belette, etc.
Le sol gelé en permanence empêche le creusement de terriers, donc[...]
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Écrit par
- Pierre PFEFFER : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S.
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Médias