DU CAURROY EUSTACHE (1549-1609)
Musicien français né à Beauvais, Du Caurroy est surtout célèbre pour ses œuvres religieuses, qui connurent un durable succès jusque vers 1650 ; il est l'un des principaux précurseurs de la musique sacrée du xviie siècle, qui a conduit, à travers N. Formé, à Delalande. Il fut d'abord haute-contre à la chapelle royale ; il obtint un prix en 1575 au puy de la confrérie de Sainte-Cécile d'Évreux, fondée par Henri III ; après qu'il eut été sous-maître de la Chapelle (1578), puis compositeur de la Chambre (1595), Henri IV créa pour lui la charge de surintendant de la musique (1598). Il reçut plusieurs canonicats prébendés (Sainte-Chapelle de Dijon, Sainte-Croix d'Orléans) et fut prieur de Saint-Ayoul de Provins, de Passy (diocèse de Sens) et de Saint-Cyr-en-Bourg. Il mourut à Paris. La plupart de ses œuvres furent publiées à titre posthume.
Le style de Du Caurroy est encore tourné vers le xvie siècle. Le musicien écrit dans la préface des Preces ecclesiasticae (1609) qu'il a appris son art « par la lecture des bons auteurs et la pratique des anciens ». Et le père Mersenne dit de lui en 1636 : « Du Caurroy emporte le prix pour la grande harmonie de sa composition et de son riche contrepoint [...]. Tous les compositeurs de France le tiennent pour leur maître. » Sa Missa pro defunctis (1606), exécutée lors des obsèques de Henri IV, demeura longtemps la messe de requiem des rois de France. Converti sur le tard (1605) à la musique « mesurée » par l'audition des œuvres de Le Jeune, il s'y essaya dans quinze chansons du second livre des Meslanges (publié en 1610) ; elles n'ont pas la souplesse ni la variété de celles de Le Jeune ; on peut citer cependant l'exquise Deliette, mignonette. Dans Preces ecclesiasticae (cinquante motets et psaumes de quatre à sept voix), le contrepoint figuré alterne parfois avec les versets du plain-chant. Il innove en introduisant l'opposition de deux chœurs, écriture que ses successeurs (Formé notamment) n'oublièrent pas. Par ses quarante-deux Fantaisies (de trois à cinq voix, 1610) destinées à des ensembles de violes, voire au clavier d'orgue, il construit, ordinairement sur des thèmes empruntés, une noble architecture contrapuntique, assez sévère, mais qui ne manque pas parfois de lyrisme, voire de tendresse ; avec celles de Le Jeune, elles sont aux origines de la musique de chambre en France. Il choisit parfois un grand choral contrapuntique (où il semble être novateur), que reprendront les organistes germaniques (Muffat, J. C. F. Fischer, Pachelbel, Buxtehude) ; ou bien il partage le cantus firmus et considère chaque fragment comme sujet de fugato. Enfin, ses Noëls furent prisés pendant toute la période classique française.
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
Classification
Autres références
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MOTET
- Écrit par Roger BLANCHARD
- 3 044 mots
En France, à l'époque de Henri IV et de Louis XIII, les motets d'Eustache Du Caurroy, de Guillaume Bouzignac, d'Étienne Moulinié se rattachent à la tradition polyphonique plus ou moins altérée, mais dès la fin du règne de Louis XIII se précise l'esthétique du « motet versaillais »....