EUSTRATE DE NICÉE (1050 env.-1130)
Disciple le plus connu du philosophe Jean Italos, Eustrate obtient un non-lieu au procès de son maître, en 1082 ; il est alors diacre. Il a dirigé précédemment, à Constantinople, l'école Saint-Théodore du Sphorakiou. Lorsque Léon de Chalcédoine, à la suite de la réquisition des trésors de l'Église par Alexis Ier Comnène, élabore sa théorie de la sacralité intrinsèque de la matière des icônes, Eustrate réplique par une doctrine du culte des images qui aboutit à décharger l'empereur. Ce service non moins que sa réputation de savant lui valent d'être nommé métropolite de Nicée. Anne Comnène, son admiratrice fervente, lui fait commenter l'Éthique à Nicomaque et les Seconds Analytiques d'Aristote. Le théologien est de toutes les disputes du temps avec les Latins comme avec les monophysites. En 1112, il est le principal porte-parole de son Église lors des discussions avec l'archevêque de Milan, Pierre Grossolano, de passage dans la capitale. Lorsque Alexis Ier imagine de convertir la minorité arménienne de Bulgarie, il lui apporte son concours. Pour son malheur, car ses adversaires, surtout Nicétas d'Héraclée, dénichent dans ses écrits des expressions qui forcent les corollaires de l'intégrité humaine du Christ. En 1117, le synode jette l'anathème sur plusieurs de ses thèses et le dépose. Écrivain doué, Eustrate fut le meilleur dialecticien de sa génération. Sa disgrâce fit malheureusement avorter un effort de réflexion théologique dont Byzance avait perdu l'habitude.
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Écrit par
- Jean GOUILLARD : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
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