JOSPIN EVA (1975- )

Un rêve d'Italie

Après ce succès, Eva Jospin expérimente de nouvelles techniques. Ainsi, pour le domaine de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher), confrontée à la fragilité du carton qui ne peut pas être utilisé en plein air, elle imagine Folie (2018), une sorte de rocaille en béton projeté qui rappelle les grottes artificielles du xvi^e siècle. Le spectateur est invité à entrer dans cette mystérieuse concrétion minérale. L’intérieur, également en béton, mais moulé sur une maquette en carton, est recouvert d’un décor aux mille détails incrustés (coquillages, pierres, etc.) pareils à des strates géologiques. Suivra une fontaine (Nymphée, 2018) pour le domaine de Trévarez (Finistère), elle aussi faite de béton et ornée d’incrustations. En 2022, aux Beaux-Arts de Paris, des dessins à l’encre de Chine d’Eva Jospin sont présentés pour la première fois au public. Avec la même obsession minutieuse qu’elle consacre à ses sculptures, elle réunit ses motifs de prédilection sous le titre de « Grand Tour », en référence au voyage effectué autrefois par les jeunes artistes pour s’initier aux chefs-d’œuvre de l’Antiquité.

L’influence de l’Italie dans le travail de l’artiste se fait toujours plus manifeste. Parallèlement à ses recherches sur les jardins de la Renaissance et le Grand Tour, la découverte, alors qu’elle est pensionnaire à l’Académie de France à Rome (2016-2017), des broderies à l’indienne du xvii^e siècle conservées au palais Colonna, lui inspire Chambre de soie, une œuvre textile de plusieurs dizaines de mètres de long. Réalisée en collaboration avec l’atelier Chanakya (Mumbai) et exposée au musée Rodin (Paris) dès 2021, elle est augmentée d’un panneau inédit avant de faire l’objet d’une exposition à l’Orangerie du château de Versailles de juin à septembre 2024, confirmant l’intérêt des institutions et du public pour les créations d'Eva Jospin.