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ÉVALUATION DES ÉCOSYSTÈMES POUR LE MILLÉNAIRE ou MILLENNIUM ECOSYSTEM ASSESSMENT

L' évaluation de l'état des écosystèmes de la planète et des services qu'ils rendent aux sociétés humaines a été lancée par Kofi Annan, alors secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, en 2000, dans son rapport à l'Assemblée générale de l'O.N.U. Dans cette nouvelle tentative pour informer sur les risques que prend l'humanité en vivant au-dessus de ses moyens, Kofi Annan a aussi fixé comme objectif à cette évaluation d'établir la base scientifique des actions requises pour un renforcement de la conservation des écosystèmes et de leur exploitation de manière durable.

Ces travaux, qui ont mobilisé, de 2001 à 2005, quelque 1 360 experts scientifiques issus de 95 pays, ont été organisés autour de cinq questions principales : Comment les écosystèmes et les services qu'ils procurent ont-ils évolué ? Qu'est-ce qui est à l'origine de ces changements ? Comment ces changements ont-ils affecté les conditions de vie de l'homme ? Comment évolueront-ils ? Quelles seront les options possibles pour renforcer la conservation des écosystèmes et leur contribution à un environnement sain et équilibré pour l'homme ?

Le rapport final, un ouvrage de plus de 1 000 pages intitulé Millennium Ecosystem Assessment (Évaluation des écosystèmes pour le millénaire), publié en 2005, est accablant : en cinquante ans, l'homme a généré des modifications au niveau des écosystèmes de manière plus rapide et plus intensive que sur aucune autre période comparable de l'histoire de l'humanité, en grande partie pour satisfaire une demande à croissance rapide en matière de nourriture, d'eau douce, de bois, de fibres et d'énergie. Parmi les causes ou les indicateurs les plus pertinents des dégâts occasionnés par l'homme aux écosystèmes de la planète, on peut citer : la déforestation, la réduction drastique et la fragmentation des milieux naturels, l'intensification de l'agriculture qui utilise en excès engrais, minéraux et pesticides, les rejets polluants de toute nature, le transfert d'espèces d'un continent à l'autre dont certaines deviennent envahissantes, l'eutrophisation des eaux douces et marines côtières, la surpêche dans tous les océans du globe, y compris en eaux profondes. Ces changements ont certes contribué au développement de l'économie des pays industrialisés dont ils ont élevé le bien-être d'une partie significative de la population, mais les gains ont été acquis au prix d'une perte substantielle de la diversité biologique de la planète et, dans une forte proportion, de manière irréversible. L'une des conséquences les plus dramatiques est la dégradation des nombreux services rendus par les écosystèmes. Environ 60 p. 100 de ces services « gratuits » sont en cours de dégradation, ce qui explique çà et là dans le monde les difficultés d'accès à l'eau, l'effondrement des ressources halieutiques, la dégradation de la qualité des sols, de l'air et de l'eau, les problèmes de régulation du climat, l'augmentation des risques de catastrophes naturelles ainsi que ceux qui touchent à la santé et dus aux maladies émergentes. Une grande partie de ces pertes expliquent l'accentuation de la pauvreté et l'augmentation du fossé séparant les pays riches du reste du monde.

Pour ce groupe d'experts, qui proposent quatre scénarios pour le futur, il s'agit de trouver rapidement un moyen d'inverser cette tendance pour permettre un partage équitable des ressources durables pour les générations actuelles et futures. Les sociétés humaines ont le pouvoir de desserrer les contraintes qu'elles exercent sur les services naturels de la planète, encore faut-il qu'elles admettent qu'il est urgent de changer les comportements en remettant en cause les modalités de prise[...]

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  • ÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ

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