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ÉVALUATION ET QUANTIFICATION DES RISQUES SANITAIRES

Indicateurs de risque

Pour quantifier les risques sanitaires, l’épidémiologiste procède par comparaison entre différents groupes n’ayant pas la même exposition au risque supposé ou reconnu. On construit donc une matrice : malades/non-malades et exposés/non exposés, à partir de laquelle on peut calculer différents indicateurs. Dans l’exemple classique du tabac et du cancer du poumon au sens large, une étude épidémiologique en population générale aboutit à la matrice suivante :

fumeursnonfumeurstotalmalades1 050501 100nonmalades108 95039 950148 900total110 00040 000150 000

On peut dès lors calculer un certain nombre d’indicateurs :

– Le risque de base est la probabilité de survenue d’un problème de santé dans une population comportant des personnes exposées et non exposées. Dans notre exemple, il vaut 1 100/150 000 soit 7,3 p. 1 000.

– Le risque relatif (RR) est le ratio entre les risques calculés pour des groupes exposés et non exposés. Si le risque chez le groupe exposé (au facteur de risque étudié) est supérieur à celui du groupe non exposé, alors le risque relatif sera supérieur à 1. Pour la matrice prise en exemple, le risque concernant les fumeurs est de 1 050/110 000, soit 9,5 p. 1 000, et celui concernant les non-fumeurs de 50/40 000, soit 1,2 p. 1 000. Le RR est égal à 9,5/1,2, soit 7,9, ce qui signifie que les fumeurs ont un risque multiplié par 7,9 de développer un cancer du poumon.

– L’excès de risque (ER) est la différence entre le risque chez les exposés et celui chez les non-exposés. Il représente donc la partie supplémentaire du risque qui est liée au fait d’être exposé. Si on supprime l’exposition, le risque ne deviendra pas nul, il rejoindra le risque résiduel qui existe chez les non-exposés. Dans l’exemple, l’ER est de 9,5 – 1,2, soit 8,3 p. 1 000.

– Le risque attribuable (RA) est l’excès de risque rapporté au risque du groupe exposé. Il s’exprime en pourcentage et indique la proportion du risque qui est attribuable à une exposition particulière, si celle-ci est une cause de la maladie. On peut le calculer à partir du RR par la formule RR – 1/RR. Dans notre exemple, le RA vaut donc 6,9/7,9, soit 0,87, ce qui indique que, chez les fumeurs, 87 p. 100 des cancers des poumons sont dus au tabac.

– La fraction étiologique du risque en population générale (FER) est l’excès de risque dans toute la population (regroupant les exposés et les non-exposés) lié à l’exposition causale étudiée. Elle estime le nombre de cas théoriquement évitables si on supprimait complètement l’exposition, celle-ci étant cause de la pathologie. Elle dépend du nombre des personnes exposées (p), ici le nombre de fumeurs. On peut le calculer par la formule FER = p(RR – 1)/1 + p(RR – 1). Dans l’exemple, p vaut 110 000 sur 150 000 soit 73 p. 100 de l’ensemble de la population étudiée. L’application de la formule montre que le tabac cause 83 p. 100 des cancers du poumon dans l’ensemble de cette population.

Ces indicateurs sont calculés sur des échantillons. Des échantillons différents issus de la même population ne donneront pas les mêmes estimations. Il existe en effet une fluctuation dite aléatoire qui se traduit par un intervalle de confiance (habituellement à 95 p. 100) à l’intérieur duquel il y a 95 p. 100 de chances que se situe la vraie valeur dans la population. Un test de statistique inférentielle, c’est-à-dire projetant les résultats obtenus sur des échantillons à l’ensemble d’une population, indique si l’association entre un facteur et une maladie est statistiquement significative.

Les différents indicateurs de risque ont chacun un intérêt particulier. Ainsi, le risque relatif intéresse surtout le chercheur, car il reflète la force pathogène d’un facteur d’exposition. Il constitue un critère majeur permettant d’affirmer le caractère causal d’une relation observée. Le risque attribuable et la fraction étiologique du risque fournissent quant[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite du Conservatoire national des arts et métiers (chaire d'hygiène et sécurité)

Classification

Média

<em>Salmonella typhi&nbsp;</em>et fibres d’amiante - crédits : (en haut) Isis325/ Flickr , CC-BY 2.0 ; (en bas) T. Davis/ Shutterstock

Salmonella typhi et fibres d’amiante