ÉVANGÉLISME ET ÉGLISES ÉVANGÉLIQUES
Compétition islam-évangélisme
Cette nouvelle vague évangélique ne s'impose pas sans tensions, ni dérives sectaires, et elle se fait parfois dans une situation de rivalité avec l'islam. La compétition entre évangélisme et islam se déploie dans trois grandes aires géographiques : l'Asie du Sud-Est, l'Europe et l'Afrique, où salafistes, tablighs (missionnaires musulmans apolitiques), pentecôtistes et évangéliques sillonnent les agglomérations à la recherche de convertis et de zélotes. Les états-majors missionnaires évangéliques se focalisent avec anxiété et ambition sur la « fenêtre 10/40 », concept né en 1990 pour désigner une zone d'évangélisation prioritaire, située entre le 10e degré et le 40e degré, au nord de l’Équateur, et où se concentrent musulmans, bouddhistes, hindouistes et la majorité des peuples « non touchés par l’Évangile ». Mais cette concurrence ne constitue pas nécessairement les prémices d’un « choc des civilisations ». Certaines zones de tension – en Indonésie, au Nigeria (où l’on ne compte plus les églises brûlées)… – sont certes le lieu de confrontations brutales. Au Maroc, en Algérie ou en Iran, les esprits s'échauffent face à l'essor évangélique qui, bien que marginal, est parfois ressenti comme une menace pour l'homogénéité religieuse du pays. En outre, sur la scène médiatique globale, les provocations de certaines figures isolées enflamment les esprits, telles celles du pasteur Terry Jones (Floride, États-Unis), qui a brûlé publiquement des exemplaires du Coran en 2012 et a apporté son soutien à un film insultant pour le Prophète, tandis que certains imams appellent ouvertement leurs fidèles à mettre à mort les convertis au christianisme évangélique.
Cependant, dans la grande majorité des cas, la compétition entre évangélisme et islam se déroule assez paisiblement. En Indonésie, en Afrique subsaharienne, en Asie centrale, musulmans et évangéliques se côtoient pacifiquement la plupart du temps. L'évangélique comme le musulman se reconnaissent d’ailleurs dans une vision normative et monothéiste du monde, dans une opposition commune à l'incroyance, à commencer par celle du consommateur européen sécularisé et oublieux de Dieu. Le « choc » géopolitique entre islam et évangélisme doit donc être relativisé, une opposition plus fondamentale séparant la vision religieuse du monde de sa conception sécularisée.
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Écrit par
- Sébastien FATH : agrégé d'histoire, chercheur au CNRS, laboratoire Groupe sociétés, religions, laïcités
Classification
Médias
Prière inaugurale lors de l’investiture de Barack Obama, janvier 2009
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