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NICODÈME ÉVANGILE DE

L'intérêt porté par les chrétiens au personnage de Pilate s'est traduit par un texte assez ancien (ive s.) connu sous le nom d'Évangile de Nicodème, mais aussi appelé Actes de Pilate. Dès le iie siècle, circulent plusieurs documents portant ce dernier titre. Ils sont cités par Justin (I Apologie, xxxv et xlviii) et par Tertullien (Apologeticum, v et xxi). Chez celui-ci, Pilate, à propos d'un rapport qu'il fait à Tibère, apparaît comme chrétien. Mais il existe aussi un « rapport de Ponce Pilate à Claude » qui est très ancien et fut incorporé dans les Actes de Pierre et de Paul(iiie s.) Le second stade de cette littérature est la lutte contre les Acta Pilati forgés par le gouvernement romain durant la persécution de Maximin Daia (311-312) selon Eusèbe (Histoire ecclésiastique, IX, v, I). Les chrétiens compilent les matériaux antérieurs en un ouvrage qui devient l'Évangile de Nicodème. Pilate n'est pas l'auteur de ce récit ; il n'intervient que comme l'acteur dont on rapporte les actes et les paroles.

Le livre comprend trois parties. Les chapitres i-xi racontent en détail le jugement, la crucifixion et l'ensevelissement du Christ ; ils constituent les Acta Pilati proprement dits. Les chapitres xii-xvi rapportent les controverses nées au sein du Sanhédrin au sujet de la résurrection du Christ. Enfin, les chapitres xvii-xxvii, intitulés Descensus Christi ad inferos, donnent le récit de cette descente par deux témoins ressuscités, les fils de Siméon. Il semble que la troisième partie ait été indépendante du reste. Elle développe un thème fondé sur la Ire Épître de Pierre, iii, 19, qui eut un grand retentissement sur la littérature chrétienne (notamment sur l'Évangile de Pierre) et dans l'iconographie orientale. L'ouvrage, avec ses trois parties et ses appendices, formés des rapports de Pilate, est conservé en deux textes grecs, assez différents, et dans des versions syriaque, copte, arménienne et latine. Il eut une influence considérable, car les chrétiens de Syrie et d'Égypte ont vénéré Pilate comme un saint et un martyr. D'autre part, toute l'Église orientale s'est inspirée de l'Évangile de Nicodème pour l'iconographie de la Passion et de la Descente aux enfers. Le Moyen Âge latin s'y est aussi référé avec beaucoup d'intérêt, mais il y a ajouté plusieurs compositions importantes, telles que la Paradosis Pilati (jugement de Pilate par l'empereur) et la correspondance d'Hérode et de Pilate.

— Jean HADOT

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Écrit par

  • : professeur à l'Université libre de Bruxelles

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