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ÉVANGILE DE VÉRITÉ

Parmi les traités coptes qui sont contenus dans le Codex I, aujourd'hui connu sous le nom de Codex Jung et trouvé à Nag Hammadi (Haute Égypte), dans l'extraordinaire bibliothèque « gnostique », l'Évangile de Vérité a tout de suite attiré l'attention. Ce titre était celui d'un ouvrage attribué à Valentin, ou du moins à ses disciples, par Irénée dans son Adversus Haereses (III, ii, 9) écrit en 180 environ. Épiphane précise que Valentin est né en Égypte, a été instruit à Alexandrie et a prêché en Égypte avant d'aller à Rome (Panarion, xxxi, 7). Mais on ne savait pas grand-chose de son Évangile de Vérité. Le livre de Nag Hammadi qui porte ce titre a été publié par M. Malinine, H. C. Puech et G. Quispel (Evangelium Veritatis, Zürich, 1956). Malgré un tel titre, il ne s'agit pas d'un évangile, mais d'un traité d'enseignement religieux. C'est un traité chrétien, car il utilise sans cesse les textes du Nouveau Testament, y compris l'Apocalypse de Jean et l'Épître aux Hébreux, toutes deux très discutées. Il se présente comme « une bonne nouvelle qui donnera la joie à ceux auxquels le Père, par le Verbe, a accordé la gnose ». En fait, seul Jésus est mentionné dans le texte. Il est le révélateur du « livre vivant des vivants ». C'est l'ignorance qui a cloué le Sauveur à la Croix. Le salut vient quand l'homme s'éveille de son sommeil. On ne trouve dans ce livre aucune allusion aux innombrables mythes gnostiques développés dans les autres ouvrages de la bibliothèque. Seule s'y apparente l'idée diffuse d'une sorte de salut cosmique, en vertu duquel le « Plérôme » va chercher ses élus pour les sauver par la gnose. Il ne s'agit pas là néanmoins d'un vrai gnosticisme, mais de ce que J. Doresse (Les Livres secrets des gnostiques d'Égypte, Paris, 1958) appelle « une gnose christianisée ».

On peut admettre l'hypothèse prudente des éditeurs qui tendent à attribuer l'Évangile de Vérité de Nag Hammadi à Valentin ou à ses disciples. Dans ce cas, on posséderait désormais un texte authentique de Valentin, que l'on peut comparer aux citations plus ou moins tendancieuses venant des adversaires de celui-ci. Une telle comparaison fait apparaître Valentin comme étant moins « gnostique » que ses opposants ne le disent. Il serait plutôt un pionnier d'une certaine forme de théologie qui n'a pas eu le succès escompté, mais qui avait sa valeur.

— Pierre HADOT

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