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ÉVANGILES

Les évangiles et l'Église

<it>La Multiplication des pains</it>, J. Patenier - crédits :  Bridgeman Images

La Multiplication des pains, J. Patenier

Avant que les évangiles soient mis par écrit, l'Église a donc annoncé l'Évangile. L'idée mère qui commande cette prédication, c'est la certitude que Jésus de Nazareth est encore vivant après sa mort, car Dieu l'a glorifié en le ressuscitant. Or on peut discerner les orientations théologiques de cette première annonce à travers les formules récurrentes du Nouveau Testament : hymnes, confessions de foi..., à travers les sources du livre des Actes des Apôtres et les évangiles eux-mêmes. À l'origine de la proclamation évangélique se trouve la foi pascale : l'histoire du salut est accomplie en Jésus, devenu Seigneur au jour de Pâques. Désormais, le chrétien se voit situé entre un fait passé (Pâques, éclairée par les prophéties bibliques : I Cor., xv, 3-4 : « conformément aux Écritures ») et un fait à venir (la « parousie » ou retour du Christ : I Thess., i, 10). L'événement pascal fait comprendre pleinement les gestes et les paroles de Jésus de Nazareth ; il suffit de rapporter les faits passés qui le concernent en fonction des divers « milieux de vie ». Ainsi se déterminent les perspectives théologiques des petites unités littéraires et des premiers groupements qui sont à la source des évangiles synoptiques. Dans la parabole des vignerons homicides qui, sur les lèvres de Jésus, annonçait le sort d'Israël (Marc, xii, 1 à 9 et parallèles), l'Église, en ajoutant une sentence sur la pierre rejetée par les bâtisseurs et devenue pierre d'angle (Marc, xii, 10-11 et parallèles), oriente l'attention du lecteur sur la résurrection de Jésus, compensant ainsi l'effet désolant produit par l'annonce de la mort du fils. D'autres fois, le symbolisme pascal permet d'évoquer la signification d'un fait divers, d'une guérison par exemple, en choisissant un mot à résonance multiple : εγειρειν, signifiant à la fois « se lever » et « ressusciter » (cf. Matth., viii, 15). La parabole du semeur est appliquée dans un sens moralisant chez Marc, iv, 13-20. La liturgie eucharistique colore les récits de la multiplication des pains. De semblables perspectives commandent les groupements des souvenirs et des paroles. La catéchèse missionnaire associe par exemple tempête apaisée et exorcisme (Marc, iv, 35 à v, 20) ; un intérêt eucharistique unifie la « section des pains » (Marc, vi, 30 à viii, 21) ; la marche de Jésus à la croix est illuminée par la certitude de la Pâque, faisant de la montée à Jérusalem une composition théologique structurée par les trois annonces de la passion et de la résurrection de Jésus. Une intention catéchétique associe le sort du disciple à celui du Maître (Marc, viii, 34 à ix, 1). Enfin un intérêt biographique se fait jour progressivement, au fur et à mesure probablement de l'accession des non-juifs à la foi chrétienne. Dès les origines de sa reprise par la foi pascale, la tradition évangélique, dont Jésus est la source, a été orientée théologiquement : telle est la base de départ sur laquelle se sont édifiées les perspectives théologiques des divers Synoptiques.

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<it>La Multiplication des pains</it>, J. Patenier - crédits :  Bridgeman Images

La Multiplication des pains, J. Patenier

Saint Marc - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

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