Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GALOIS ÉVARISTE (1811-1832)

Évariste Gallois - crédits : Archives de la ville de Bourg-la-Reine

Évariste Gallois

Enfant terrible des mathématiques, Évariste Galois, ignoré de ses pairs, mourut à vingt ans. Les vérités qui brillent aujourd'hui sous son nom nous rappellent toujours la faillibilité des plus hautes autorités scientifiques. En sa brièveté, une telle vie semble concentrer la violence du destin historique et l'impatience du génie. Les travaux de Galois sur la théorie des équations anticipent sur les mathématiques modernes dont ils constituent une des origines. Mais, par l'avance même de ses découvertes, Galois fut incompris ; l'intransigeance de sa précocité lui fit alors condamner sans appel une organisation sociale périmée et le jeta dans la turbulence des insurrections qui marquèrent l'effondrement de la Restauration et le début de la monarchie de Juillet. Révolutionnaire en esprit par les transformations dont il éprouvait l'urgence et dont il ouvrit les voies dans les méthodes, l'enseignement et la société mathématiques, Galois adhéra passionnément à la cause du progrès qui ralliait autour de François Raspail et d'Auguste Blanqui les Amis du peuple. Son œuvre entreprise sur les bancs d'écolier, poursuivie en prison, s'interrompt à la veille d'un duel mortel. Il venait d'écrire à Auguste Chevalier : « Il me manque, pour être un savant, de n'être que cela. »

La fureur des mathématiques

Né sous l'empire à Bourg-la-Reine, alors dit Bourg-l'Égalité, Évariste était le deuxième enfant de Nicolas-Gabriel Galois et d'Adélaïde-Marie Demante. Son père, que les Cent Jours portèrent à la mairie, et qui dirigeait une institution d'enfants dont la Révolution avait fait la modeste fortune, lui laissa le modèle d'une philanthropie libérale et voltairienne. Sa mère le nourrit au grec et au latin dans la pure tradition chrétienne et légitimiste propre à une famille de magistrats et de juristes. À douze ans, boursier au collège royal de Louis-le-Grand, mêlé aux révoltes des enfants de la bourgeoisie parisienne, il connut à la fois l'exaltation de sa génération et sa répression. À quinze ans, las des études littéraires, il découvrit les mathématiques, cours alors accessoire, et s'y jeta tout entier. « La fureur des mathématiques le domine », notait un surveillant. Lisant d'emblée les maîtres, Adrien Le Gendre, Louis de Lagrange, l'écolier prit le goût de la recherche et le dédain de l'exercice scolaire. Aspirant à entrer à l'École polytechnique, où professait Augustin Cauchy, mais où se perpétuait également l'idéal républicain d'un Monge, il se présenta seul et échoua une première fois. En 1828, entrant dans la classe de M. Richard, professeur que révérèrent Charles Hermite et Urbain Le Verrier, il se vit reconnu, et mis au courant des recherches les plus récentes. Il assimila alors les notions et méthodes introduites par Gauss et par Cauchy auquel il adressa dès 1829 ses premières communications sur la théorie des équations.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Évariste Gallois - crédits : Archives de la ville de Bourg-la-Reine

Évariste Gallois

Autres références

  • GROUPES DE GALOIS

    • Écrit par
    • 178 mots

    L'unique mémoire d'Évariste Galois (1811-1832), Sur les conditions de résolubilité des équations par radicaux, présenté à l'Académie des sciences en 1831, reçut un avis défavorable de son rapporteur Siméon-Denis Poisson ; pourtant, l'importance de ce travail dans le développement...

  • ALGÈBRE

    • Écrit par
    • 7 143 mots
    ..., mais la notion de groupe n'apparaît pas formulée avec netteté avant Cauchy. En 1830, dans ses travaux sur la résolubilité des équations algébriques, Galois ramène l'étude d'une telle équation à celle du groupe (fini) de permutations de ses racines ; à ce propos, l'auteur introduit les notions fondamentales...
  • CORPS, mathématiques

    • Écrit par et
    • 6 190 mots
    Jusqu'à Abel et Galois, le problème central posé par les équations algébriques était celui de leur solution par radicaux, c'est-à-dire l'expression des racines au moyen d'opérations rationnelles et d'extractions de racines. Les Grecs connaissaient déjà des cas particuliers de la formule ...
  • WEBER HEINRICH MARTIN (1842-1913)

    • Écrit par
    • 806 mots

    Universalité. C'est le mot qui caractérise peut-être le mieux le mathématicien allemand Heinrich Weber. Esprit souple, il était capable de travailler dans des domaines très divers des mathématiques. Mais il concentra surtout ses recherches sur l'analyse et ses applications à la physique...