TOUNGOUSKA ÉVÉNEMENT DE LA
Du fait des problèmes posés, l'étude de l'événement de la Toungounska est d'un intérêt exceptionnel. Une énorme explosion en altitude, le 30 juin 1908, fut accompagnée de phénomènes optiques, acoustiques et mécaniques très importants, observables en Sibérie centrale dans une zone de quelque 1 500 kilomètres de diamètre.
Une boule de feu éclatante traversa le ciel clair en laissant le long de sa trajectoire un cortège de poussières. Des témoins virent ensuite, au sol, des flammes et un nuage de fumée. L'onde sonore marquant la disparition du phénomène lumineux fut entendue à plus de 1 000 kilomètres. L'onde de choc ébranla des immeubles, brisant des vitres, faisant tomber divers objets et renversant même quelques spectateurs.
Barographes et séismographes enregistrèrent les ondes de la déflagration. L'estimation de l'énergie émise par l'explosion, faite en comparant les destructions qu'elle causa avec les effets des ouragans, des éruptions volcaniques et des explosions nucléaires varie entre 1014 et 1016 joules, ou est comparable à l'explosion de 10 à 20 mégatonnes de T.N.T.
Une luminosité inhabituelle s'étendit la nuit suivante en de nombreuses régions, sibériennes et européennes. Dans le Caucase, par exemple, il était possible de lire un journal à minuit sans l'appoint de lumière artificielle. Cet effet s'amenuisa pour disparaître au bout de deux mois.
L'étude du site, commencée dix-neuf ans après l'explosion, a montré l'extraordinaire importance des dégâts. Sur une surface de 30 à 40 kilomètres de rayon, les arbres sont abattus, la plupart du temps leurs racines tournées en direction du lieu de l'explosion. Celle-ci a aussi plus ou moins brûlé les arbres dans un rayon de 15 à 18 kilomètres.
L'absence de cratère s'expliquait, vers 1930, par le fait que celui-ci se serait formé dans un substratum perpétuellement gelé ; il aurait donc perdu très vite sa forme, probablement durant l'été suivant la chute. Une trentaine d'années séparant le phénomène des premières études détaillées, il était aussi logique de penser que d'éventuelles matières météoritiques avaient eu le temps de disparaître par enfouissement ou par altération.
À la suite des nombreux travaux qui furent menés depuis lors, il ne subsiste qu'une seule hypothèse pour expliquer le phénomène de la Toungounska : la chute d'un fragment de comète. Le mouvement du météore en direction inverse de la rotation terrestre, ainsi que sa très grande vitesse (50-60 km/s) consécutive sont en effet en faveur d'une météorite de type cométaire. Sa masse devait être constituée d'un bloc ou de fragments de gaz gelés, mêlés à des particules dispersées de silicates et de ferronickel. Cela correspond aux conceptions modernes de la nature des noyaux cométaires et aux traces très dispersées de magnétites, silicates et sphérules trouvés dans le sol. Ce noyau, d'une masse estimée entre 100 000 et 1 million de tonnes, a dû subir, près de la surface terrestre, une pulvérisation violente le transformant en un nuage de matières plus ou moins denses. Cette explosion aérienne rend parfaitement compte de l'orientation radiale des dégâts dus à l'onde de choc, de la forme elliptique de la surface où les arbres ont été abattus, de l'absence de cratère, ainsi que de l'absence de masses individualisées de matière météoritique.
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Écrit par
- François ARBEY : chargé de cours à l'université de Paris-XI
Classification
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