ÉVÉNEMENT, histoire
À la fin du xixe siècle, l'école méthodique a consacré l'étude des événements passés comme objet propre de la science historique. Uniques par nature, ces phénomènes sont alors organisés dans le temps pour former un récit continu.
L'empire de l'événement
L'histoire de France, qu'au seuil du xxe siècle Ernest Lavisse enseignait aux jeunes Français, de l'école primaire à l'université, semblait une succession d'événements majeurs que le talent de l'historien permettait d'associer pour former une véritable intrigue. Toutefois, il faut admettre que ce lien « naturel » de l'événement et de l'histoire attire des critiques précoces : que l'on songe à la chute désabusée de Voltaire (Nouvelles Considérations sur l'histoire, 1744) : « Après avoir lu trois ou quatre mille descriptions de batailles [...] je n'étais guère plus instruit au fond. Je n'apprenais là que des événements. »
Mais au xixe siècle, par-delà les dissensions qui les opposent, les défenseurs d'une histoire-science et les partisans d'une histoire-œuvre d'art qui fait renaître le passé s'accordent pour sanctifier l'événement. Puisque l'histoire spécifie et cerne l'individuel irréductible, les historiens « ne conçoivent pas que l'histoire puisse traiter autre chose que des événements, des faits individuellement déterminés » (Krzysztof Pomian, L'Ordre du temps, 1984). La perception du visible par les témoins du changement détermine le travail de l'historien, qui se contente alors de critiquer les témoignages porteurs des événements.
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Écrit par
- Olivier LÉVY-DUMOULIN : professeur des Universités en histoire contemporaine, Institut d'études politiques, université de Lille-II
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