ÉVENTAIL
L'éventail, instrument portatif servant à s'éventer, se présente sous trois formes : l'écran, feuille rigide adaptée à un manche plus ou moins long, l'éventail à feuille plissée et l'éventail brisé.
L'éventail plissé comporte une monture formée de baguettes plates. Les brins ou bois, faits de bois, d'ivoire, de nacre... sont réunis à la tête par un axe horizontal, la rivure : ils forment la gorge. Ces brins se prolongent par les bouts qui portent la feuille. Celle-ci, simple ou double, faite de papier, peau, vélin, soie ou dentelle, est peinte, gravée, brodée, pailletée... Les maîtres-brins, ou panaches protègent l'objet fermé.
Les éventails brisés sont faits de lamelles de bois, de nacre ou d'ivoire, fixées à la tête par la rivure et réunies à l'autre extrémité par un ruban.
De nombreuses opérations sont nécessaires à la fabrication d'un éventail. Pour la monture, débitage, façonnage des brins, reperçage, éventuellement dorure, et montage. Pour la feuille, peinture, mise en forme, rayage (marquage des plis) et plissage (à partir de 1770, le moule à plisser simplifie cette opération) et enfin fixation de la feuille à la monture. La fabrication touchait donc plusieurs corps de métier : tabletier, orfèvre, peintre, doreur, mercier, ce qui n'allait pas sans rivalités, auxquelles la création d'une communauté d'éventaillistes à Paris, en 1678, ne mit pas fin.
Les premiers éventails
L'éventail est sans doute né à la même époque dans plusieurs régions soumises à un climat chaud pour répondre à la nécessité de se rafraîchir et de chasser les mouches.
La plus ancienne représentation connue d'un éventail figure sur une massue égyptienne de l'époque pré-dynastique (début du IIIe millénaire av. J.-C ; fouilles d'Abydos, Ashmolean Museum, Oxford). Les plus anciens exemplaires connus sont les écrans d'or et de plumes de Toutankhamon (1354-1346). Passant par la Phrygie et l'Assyrie, l'invention gagne la Grèce (sous le nom de ripis), l'Étrurie, puis Rome (flabellum). Il s'agit toujours d'un écran fixe, plus ou moins en forme de feuille (ce qui rappelle son origine, naturelle). Il est souvent muni d'un long manche et porté par un serviteur. Les représentations en sont nombreuses sur les bas-reliefs et les peintures murales.
À l'aspect utilitaire s'ajoute une fonction religieuse : l'entretien du feu dans les temples. Cet usage liturgique sera repris par l'Europe chrétienne pendant tout le Moyen Âge.
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Écrit par
- Rosine TROGAN : conservateur en chef au musée Carnavalet
Classification
Médias
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