ÉVENTAIL
L'Extrême-Orient
L'éventail apparaît en Chine bien avant notre ère (les premiers exemplaires connus datent du iie s. av. J.-C., et témoignent d'une technique déjà très élaborée), sous la forme d'un écran rigide, fait de plumes et de soie, peint dès le ve siècle de notre ère. C'est un secteur essentiel de la peinture chinoise, auquel se consacrent les artistes les plus réputés. L'écran naît à la même époque au Japon, où il est aussi réservé aux cérémonies jusqu'au xiie siècle. L'éventail plié y fait son apparition au cours de la période Heian (794-1185), soit brisé, soit avec une feuille peinte. Son usage est strictement codifié à la cour ; utilisé par les hommes et par les femmes, il ne sert pas seulement à se rafraîchir, mais permet de se cacher le visage, de présenter ou de recevoir un objet, et même de battre la mesure ; il accompagne aussi la danse. Son usage se généralise en Chine au xe siècle, avec des types différents selon les régions. La peinture chinoise influence à son tour les paysages peints sur les éventails japonais.
La Chine et le Japon vont adopter le modèle coréen d'écran à double feuille et à brins multiples. Au Japon apparaît l'éventail de guerre (xve-xvie s.), à monture de fer, utilisé pour transmettre des signaux. Au cours de la période Edo (1615-1868), l'usage de l'éventail, décoré par les peintres les plus célèbres, s'étend à toutes les classes de la société japonaise. Dès le xviie s., la Chine exportait des éventails ou de simples montures, en adaptant les types et les motifs décoratifs à la clientèle européenne. Au Japon, la forte exportation d'éventails à partir du milieu du xixe siècle provoque un déclin de la qualité de ces objets. Jusqu'au xxe siècle, alors que l'éventail disparaît de la vie quotidienne de la plupart des Occidentaux, il reste en Orient un objet utilitaire de fabrication traditionnelle.
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Écrit par
- Rosine TROGAN : conservateur en chef au musée Carnavalet
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Médias
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