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ÉVENTAIL

Le monde occidental

En Occident, l'éventail est cité au xive siècle dans quelques inventaires (par exemple celui de Mahaut, comtesse d'Artois en 1316) ou dans la littérature, sous les noms d'esmouchoir, d'esventoir ou d'esventador. Il s'introduit dans la vie privée des femmes de haut rang dans le courant du xvie siècle sous différentes formes : cercle plissé en cocarde, touffe de plumes à l'extrémité d'un manche orné, écran rond ou drapeau empanaché... Il adopte à la fin du siècle la forme plissée venue du Japon par l'intermédiaire de la Chine et du commerce espagnol et surtout portugais, forme qu'il a gardée le plus souvent depuis. C'est Catherine de Médicis qui l'introduit en France en 1533.

Au cours des xviie et xviiie siècles, son usage se généralise. Encore utilitaire et saisonnier au début du xviie siècle, il devient sous Louis XIV un accessoire permanent de la toilette des femmes de qualité. C'est aussi un objet d'art, souvent de grand prix : il est orné de grandes scènes bibliques ou mythologiques. Mais le véritable âge d'or de l'éventail est le xviiie siècle, marqué par la renommée des éventaillistes français (sous Louis XVI, une cinquantaine d'éventaillistes font travailler à Paris et dans l'Oise, région spécialisée dans le travail de l'os et de la nacre, plus de 6 000 ouvriers et ouvrières). Le décor rocaille s'anime de bergeries, de chinoiseries ou de scènes galantes. La vie quotidienne, la littérature ou la musique à la mode s'y reflètent aussi. Les montures évoluent, les brins s'affinent et s'écartent (montures « squelettes »). D'un coût moins élevé, les éventails chinois commencent à être importés en grand nombre. L'éventail gagne alors les milieux plus populaires, ils sont d'une fabrication plus modeste, et certains se font le reflet de l'actualité politique et sociale : système Law, convulsionnaires de Saint-Médard, naissances princières, aérostation, affaire du Collier, réunion des États généraux.

Sous la Révolution, d'objet de luxe il devient une gazette, mais de qualité fort médiocre.

Sous l'Empire, de dimensions plus réduites pour s'accorder aux robes étroites, l'éventail élégant renaît, mais le décor iconographique est désormais remplacé par des broderies et des paillettes. Quant à l'éventail populaire, il se fait plus rare à cette époque.

Sous la Restauration, de petits éventails brisés découpés « à la cathédrale » rappellent ceux de la Renaissance, mais l'usage en reste modéré (à Paris, en 1827, 15 éventaillistes emploient 2 200 ouvriers). 1830 voit le retour des grands éventails peints ou plus simplement chromolithographiés de sujets médiévaux, puis de pastiches de style Louis XV ou Louis XVI. Le second Empire marque un nouvel âge d'or pour l'éventail (en 1851, 122 éventaillistes travaillent à Paris). De grands noms commencent à se faire connaître, comme Alexandre et Duvelleroy, qui participent à l'Exposition universelle de Londres en 1851. Ils s'assurent le concours de peintres célèbres comme Ingres ou Rosa Bonheur. À cette époque, l'Oise garde le monopole de la fabrication des montures.

<it>Au bal</it>, B. Morisot - crédits : AKG-images

Au bal, B. Morisot

Dans la seconde moitié du xixe siècle apparaît l'éventail de pacotille, soit support publicitaire pour vanter des produits, des services et des spectacles ou de nouveaux moyens de locomotion, soit souvenir d'un bal ou d'une exposition universelle. La haute société se fournit chez Duvelleroy, Lachelin et Kees ; les bourses plus modestes se contentent des grands magasins. Les éventails de fantaisie se développent : éventail ombrelle, éventail mécanique, éventail carnet de bal, sans oublier l'éventail-album des femmes de la plus haute société, souvent luxueux, qui rassemble les autographes d'écrivains, d'artistes[...]

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Danseuses traditionnelles cambodgiennes - crédits : Sylvain Grandadam/ Getty Images

Danseuses traditionnelles cambodgiennes

<it>Au bal</it>, B. Morisot - crédits : AKG-images

Au bal, B. Morisot

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