ÉVÊQUE
Le Nouveau Testament mentionne un ministère d'épiscope à quatre reprises (Philippiens, I, 1 ; Actes, xx, 28 ; I Timothée, iii, 2 ; Tite, i, 7). L'analyse du terme ne permet pas de lui attribuer à ce moment le contenu qu'il acquiert par la suite, dès l'an 120, avec Ignace d'Antioche par exemple, chez qui l'évêque (du grec épiskopos, « surveillant » ou « inspecteur ») apparaît à la fois comme le premier pasteur d'une Église locale et comme celui qui la représente dans ses relations avec les autres Églises. Lorsque, en 150 environ, s'ajoute à ces traits la conviction que l'évêque, dont la fonction est désormais partout bien distincte de celle du collège des presbytres, succède aux Apôtres non comme témoin de la Résurrection ou comme fondement de l'Église, mais dans une sorte de régence qui s'exerce en elle, se trouvent établies les grandes lignes désormais invariables de la théologie de l'épiscopat.
L'évêque apparaît dans une relation originale avec la communauté à laquelle il préside (« L'évêque est dans l'Église et l'Église dans l'évêque », dit saint Cyprien). De cette insertion mutuelle saint Augustin donne une formulation différente mais frappante : « Chrétien avec vous, évêque pour vous. » Sans cette caractéristique, il n'y aurait pas d'évêque du tout, selon le droit ; ainsi le canon 6 du concile de Chalcédoine prévoit-il la nullité de toute ordination qui ne serait pas faite pour une Église déterminée. On peut, par là, comprendre l'un des fondements de la signification de l'idée de collégialité épiscopale, principale redécouverte du concile de Vatican II en ce qui concerne l'épiscopat, car tout évêque, par son ordination épiscopale, fait partie du collège des évêques. Ce collège est aussi titulaire du pouvoir suprême dans l'Église, uni hiérarchiquement au successeur de Pierre, l'évêque de Rome, et donc, selon l'adage « cum Petro et sub Petro ». Cela se manifeste d'une manière solennelle dans le concile œcuménique. L'évêque de Rome demeure le premier des évêques au sein du collège épiscopal. Ainsi, chaque Église locale est manifestation de l'Église entière en un lieu déterminé et son évêque est membre du collège des évêques uni au successeur de Pierre.
Les effets de cette redécouverte de l'insertion de l'évêque dans son Église locale commencent à se faire sentir en plusieurs directions. D'abord, l'épiscopat se situe désormais d'une façon plus exacte par rapport à la primauté papale, avant tout en se constituant en conférences épiscopales nationales dotées de pouvoirs juridiques. Ensuite, un effort s'est poursuivi pour abolir l'anomalie que constitue la nomination des évêques par les pouvoirs civils. De plus, des vœux se sont exprimés, en de nombreuses régions, en vue d'associer les chrétiens au choix de leur évêque, conformément à la tradition (des consultations ont été organisées dans plusieurs diocèses français sur le « profil » du futur évêque). Enfin, l'ordination épiscopale de plusieurs fonctionnaires ecclésiastiques (prélats de la curie, nonces) est ressentie comme peu fondée et comme donnant aux Églises réformées une image discutable de la succession apostolique. Cependant, si plus d'un tiers des quelque trois mille évêques de l'Église catholique sont des évêques sans diocèse, leur ordination ne soulève pas d'objection théologique, parce que la plupart du temps ce sont des évêques auxiliaires ou coadjuteurs, au service d'une Église locale.
La figure sociologique de l'épiscopat a beaucoup varié au cours des siècles. Fonction essentiellement religieuse jusqu'à l'époque constantinienne, elle commença alors à se séculariser, mouvement qui s'accentua dans[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
Classification
Autres références
-
ABBÉ
- Écrit par Patrice SICARD
- 1 197 mots
Le mot abbé vient vraisemblablement du syriaque abba, signifiant père, où il traduisait le respect porté à un dignitaire de la société civile ou religieuse. Du syriaque le mot passa, vers le IIIe siècle, dans la langue du monachisme ancien de l'Orient chrétien.
On est alors...
-
ANTIQUITÉ - L'Antiquité tardive
- Écrit par Noël DUVAL
- 4 261 mots
- 3 médias
...attendre le ve siècle pour trouver les prémices du maillage médiéval) et ils sont très inégalement répartis suivant les régions : en Gaule on a un évêque par civitas – entre un département et une région actuels –, en Afrique, un par bourgade, parfois même pour une grande exploitation, c'est-à-dire,... -
ARCHEVÊQUE
- Écrit par Jacques PONS
- 348 mots
Titre fréquemment donné dans les Églises chrétiennes à un évêque ayant sur les autres évêques d'une province une certaine juridiction, qu'il exerce en plus de son pouvoir diocésain, mais qui n'implique pas une supériorité d'ordre. L'archevêque est l'héritier des anciens évêques métropolitains,...
-
AUGUSTIN saint (354-430)
- Écrit par Michel MESLIN
- 8 969 mots
- 2 médias
...d'Hippone qui l'élirent pour aider leur évêque Valère, déjà âgé et qui, Grec d'origine, parlait assez mal le latin. Cinq ans plus tard, Augustin était nommé évêque coadjuteur avec promesse de succession ; en 395-396, il devenait le chef de l'Église d'Hippone et allait le rester jusqu'à sa mort. L'importance... - Afficher les 32 références