ÉVOLUTION DE LA VILLE ISLAMIQUE
Similitudes et diversification
Tout en répondant à ces diverses fonctions, les villes, dont on peut suivre le plus longuement l'histoire dans un monde islamique aux dimensions d'ailleurs changeantes, connurent des disparités ou au contraire des similitudes d'ordonnance et de paysage commandées par des facteurs extrêmement variés. Ce furent les conditions géographiques communes à l'ensemble des pays d'une zone subaride à l'habitat clairsemé qui imposèrent, par exemple, à certaines agglomérations des contraintes presque partout observables sous une forme ou une autre : ainsi le problème de l'alimentation en eau y resta toujours au premier plan des préoccupations, que cette alimentation fût assurée par des rivières canalisées comme à Damas, par le captage de sources comme à Alep, par l'utilisation de machines élévatoires comme à Hama, par la construction d'aqueducs monumentaux comme à Istanbul, par le forage de galeries souterraines comme dans les villes d'Iran, par des citernes et bassins comme à Kairouan ou par la proximité directe de grands fleuves comme pour Bagdad et Le Caire. Au même souci était lié le goût que conservèrent longtemps leurs habitants de multiplier partout, le long des rues comme à l'intérieur des maisons, des fontaines et points d'eau ainsi que des bains publics et privés.
De même, le problème des voies d'accès était primordial pour des raisons politiques et stratégiques comme pour des raisons commerciales. Les grandes agglomérations islamiques anciennes furent ainsi presque toutes situées à des carrefours naturels ou à des nœuds de routes : typique est à cet égard le cas de villes fondées comme Bagdad ou Fustât-Le Caire, mais on peut en dire autant de villes ayant conservé sous l'islam leur prospérité antérieure comme Damas ou Istanbul par exemple, l'instabilité, plus apparente que réelle, de certaines agglomérations tenant surtout à la précarité du matériau avec lequel elles étaient bâties. Villes méditerranéennes côtières et villes d'oasis de plaine ou de montagne, villes marchés concentrant la production d'une riche province et villes refuges profitant au contraire de leur isolement, capitales dynastiques vouées ensuite à un irrémédiable déclin et villes sanctuaires continuant de jouir de leur ancienne célébrité, les villes en pays d'islam naquirent et se développèrent comme toutes les autres cités du monde, revêtant des aspects divers selon qu'elles avaient été créées de toutes pièces ou s'étaient au contraire superposées à d'anciens foyers actifs.
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Écrit par
- Janine SOURDEL : professeur à l'université de Paris-IV
Classification
Média