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ÉVOLUTION DE LA VILLE ISLAMIQUE

Quelques types correspondant aux étapes historiques

Le fait le plus important reste qu'une véritable communauté de destin lia toujours les villes entre elles et fit évoluer leur urbanisme selon un rythme parallèle à celui du développement de l'islam lui-même en tant que civilisation. C'est ce qui permet de reconnaître, dans leur organisation, des types correspondant aux grandes étapes historiques que l'on distingue par ailleurs. Faute de pouvoir présenter ces divers types avec les nuances qui s'imposent, on se contentera de quelques exemples.

Ville de la Conquête

Le premier type sera pris à l'époque de la conquête islamique du viie siècle, lorsqu'une importante expansion urbaine se marqua par la création de villes nouvelles. L'afflux d'envahisseurs venus d'Arabie qui, dans les premiers temps, restaient groupés tout en progressant dans des régions hostiles explique le phénomène. Par la suite, la sédentarisation de groupes arabes qui ne s'adonnaient que rarement à l'exploitation agricole ne fit que le renforcer. Aussi bien les premières installations fondées par les conquérants furent-elles des villes-camps encore très rudimentaires, voire provisoires. Les quartiers bâtis succédant aux simples cercles de tentes nomades, elles se transformèrent peu à peu en agglomérations stables et définitives : ce furent, en Irak, les nouvelles villes de Basra puis de Kûfa, en Égypte celle de Fustât, en Syrie celle de Djâbiya que cependant les conquérants abandonnèrent ensuite pour se fixer dans la toujours prospère ville de Damas, ou même se disperser dans toute la province. Un peu plus tard, en Iran et au Maghreb, d'autres camps furent créés, tel Kairouan dans la plaine intérieure de l'Ifrikiya, dont la prospérité grandit jusqu'à l'époque ziride, et tels ces centres établis dans les provinces iraniennes qui n'eurent jamais qu'une existence précaire au milieu des révoltes fréquentes de la population autochtone non convertie.

Ville omeyyade et abbasside, ville de gouvernement

Un peu plus tard, on vit naître, par le fait d'une symbiose qui ne mit pas plus d'un demi-siècle à se réaliser, le type de la ville omeyyade, qui, pour une part, allait servir de modèle aux réalisations abbassides. Ses traits d' urbanisme les plus caractéristiques tenaient à ses liens avec les villes antiques qui l'avaient précédée, parfois sur le même site : ainsi à Alep, Damas ou Lattakiye, où subsistent quelques traces des plans hellénistiques. Mais cette continuité d'une tradition syrienne antérieure est encore plus frappante à observer dans les cités créées alors par la seule volonté des nouveaux maîtres. On voit ainsi la petite ville omeyyade de Ayn al-Djarr reproduire le schéma d'une ville antique pourvue d'une enceinte rectangulaire et traversée par deux rues axiales se coupant à angle droit en un point central marqué d'un tétrapyle. Des lotissements imités des insulae y regroupaient les habitations les moins luxueuses, tandis que l'ensemble était dominé par le thème des avenues à colonnades bordées de boutiques, que l'on accuse trop souvent l'urbanisme musulman d'avoir négligé.

Plus tard encore apparut, sous une forme qui devait connaître une vogue particulièrement longue, la ville de gouvernement dont la grandeur de conception, sur la base d'un plan régulier à larges voies rectilignes, s'articulait autour de monuments principaux, le palais et la grande mosquée contiguë. L'exemple le plus illustre en est sans doute la ville Ronde du deuxième calife abbasside al-Mansur, dans la mesure où cette cité royale, au moment de sa fondation en 762, avait été ouverte à des activités commerciales et artisanales destinées ensuite à essaimer dans ses alentours et à faire de Bagdad une immense métropole d'empire : centre politique,[...]

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Mihrab de Masjid i-Vakil - crédits :  Bridgeman Images

Mihrab de Masjid i-Vakil